Si j’en avais su un peu plus sur le long – métrage dont il est question aujourd’hui, je l’aurais surement abordé d’une manière différente. Mais vous savez combien j’aime à vivre dangereusement (à côté de moi Felix Baumgartner est un mignon freluquet), n’hésitant pas à me non – renseigner sur le contenu des films, une photo suffisant parfois à me donner envie de voir une pellicule. Voici la dernière en date :
Pas de quoi décoiffer un manchot empereur me direz – vous, j’aurais peut – être même à me poser des questions sur la nature de mon moi profond, mon rapport à la pilosité faciale ou la place que j’accorde à l’hygiène corporelle. Une chose est sûre, c’est à cause d’elle que je suis allée voir Borgman l’autre jour.
Tout commence au fond d’une forêt, aux premières heures du jour, deux hommes se préparent pour la chasse, en prenne un troisième au passage et empoigne un malinois au bout d’une laisse.
Ils marchent en silence dans les bois, arrivés en un certain endroit en sondent le sol. Ils ont mis à jour le refuge de Camiel Borgman. Celui – ci couvre sa fuite sous un épais nuage de fumigène et s’enfuit à travers les fourrés (en prévenant au passage deux compagnons de leur découverte imminente).
Sortant de la forêt, il poursuit sa route et déambule à travers un quartier résidentiel. Sonnant à une porte, Camiel demande à la propriétaire la possibilité de prendre un bain, elle refuse. Il poursuit son chemin jusqu’à la belle maison de Richard et Marina. Réitérant sa demande (en insinuant qu’il a déjà rencontré Marina), il se fait battre comme plâtre par Richard qui le laisse étendu sur le pas de la porte. Quand quelques minutes plus tard, horrifiée par le comportement de son mari, Marina veut porter secours à cet étrange visiteur, il a disparu.
Elle le voit réapparaître un peu plus tard dans la journée et se sentant responsable de ce qui s’est passé le matin même, lui offre le bain demandé ainsi que le gîte pour la nuit (à la condition expresse que l’invité se fasse discret).
C’est ainsi que peu à peu, Borgman s’installe dans la vie de Marina et de sa famille (qui compte 3 enfants et une baby – sitter suédoise) en racontant des contes aux gamins ébahis, en parlant à deux grands chiens qui traversent la maison comme des ombres et en s’insinuant peu à peu dans le quotidien de la jeune femme mais aussi dans ses rêves.
Bizarrement décalé autant qu’étrangement malsain (on est un peu à un carrefour où viendrait se télescoper le Sitcom de François Ozon, Wrong de Quentin Dupieux et une pincée de surréalisme belge), Borgman est un film difficilement racontable, dont le cachet tient justement dans le fait d’en savoir le moins possible avant visionnage.
Borgman, c’est une histoire de famille (autant derrière la caméra que devant). Le réalisateur néerlandais Alex Van Varmerdam a créé avec son frère Marc la société Graniet Film (qui produit le film) tandis que le second frère, Vincent, en compose la musique.
Cette association familiale (en plus de réaliser, Alex Van Varmerdam a écrit Borgman et joue dedans) donne un film atypique, à l’atmosphère bizarre, où les choses ne sont pas ce que l’on croit, où l’on touche tout autant au surnaturel qu’au comique et où la maison (très belle, au look oscillant entre le suranné et le design nordique) est un personnage à part entière.
Je ne vous le cacherais pas, Borgman est une expérience étrange, dérangeante, qui met à mal les codes du cinéma comme on l’entend d’ordinaire, où l’on se perd même parfois.
Mais ne serait – ce pas là une excellente raison pour tenter la vérification par vous – même ?
En vous remerciant.