Le cycle Grands Interprètes présente à la Halle jeudi 28 novembre ce concert dédié à Schubert, Brahms et Mendelssohn avec pour interprètes une pianiste et un violoncelliste qui, de par leur immense talent internationalement reconnu, ne sont plus à présenter.
Le programme sera le suivant :
Franz Schubert [1797, Lichtenthal, près de Vienne – 1828, Lichtenthal]
Sonate pour violoncelle et piano en la majeur D821, «Arpeggione»
1. Allegro 2. Adagio 3. Allegretto
Johannes Brahms [1833, Hambourg – 1897, Vienne]
Trois Intermezzi pour piano, opus 117
Intermezzo n°1, andante moderato
Intermezzo n°2, andante non troppo e con molto espressione
Intermezzo n°3, andante con moto
Felix Mendelssohn [1809, Hambourg – 1847, Leipzig]
Lied ohne Worte pour violoncelle et piano en ré majeur, opus 109 de 4 mn environ, une mélodie sans paroles
Johannes Brahms
Sonate pour violoncelle et piano n°1 en mi mineur, opus 38
I. Allegro non troppo II. Allegretto quasi menuetto III. Allegro
Le programme s’allège des Trois Intermezzi de Johannes Brahms et le remplace par :
Ludwig van beethoven
Sonate pour piano n°17 en ré mineur, opus 31, n°2 “ la Tempête“
Elle fait partie d’un ensemble de trois, composées en 1801 – 1802. C’est, des trois, plus particulièrement, la » sonate du testament de Heiligenstadt “. Il apprend qu’il est sourd, et qu’il ne guérira pas. Elle n’est donc guère d’un optimiste débordant, en référence à ces mots d’un homme au bord du suicide : » C’est l’art, et lui seul, qui m’a retenu. » Mais le ton des deux autres prouve que Beethoven est toujours animé d’un élan vital irrépressible.
Elle est en trois mouvements :
– le premier alterne le lent et le rapide, la prière et la menace
– le deuxième, un adagio très lent et solennel
– le troisième, un allegretto
En savoir plus sur les deux interprètes et le reste du programme.
Maria João Pires n’avait que 7 ans lorsqu’elle fait sa première apparition en public en jouant un concerto de Mozart, un compositeur dont elle est toujours restée proche tout au long de sa carrière. Depuis lors, elle est une interprète fidèle au répertoire classique et romantique et Schubert, Chopin et Schumann l’accompagnent très régulièrement dans ses programmes, chaque saison.
Agée de 9 ans, elle reçoit un premier prix pour jeunes musiciens au Portugal. Entre 1953 et 1960, elle étudie non seulement le piano avec Campos Coehlo au Conservatoire de Lisbonne mais aussi la composition, la théorie et l’histoire de la musique avec Francine Benoit. Elle poursuit sa formation en Allemagne, tout d’abord à la Musikakademie de Munich avec Rosl Schmid, ensuite à Hanovre avec Karl Engel.En 1970, elle entame une carrière internationale après avoir remporté le Concours Beethoven de Bruxelles. Invitée par les grands orchestres, dirigés par Claudia Abbado, Riccardo Chailly ou Bernard Haitink par exemple, elle accorde également une place de choix à la musique de chambre et compte des musiciens comme Augustin Dumay, Viktoria Mullova, Yuri Bashmet, Antonio Meneses, Jian Wang ou Douglas Boyd parmi ses partenaires.
La formation de jeunes artistes fait aussi partie de ses préoccupations. Elle enseigne depuis deux ans en Belgique, et est désormais titulaire d’une classe de piano à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth de Waterloo. Maria João Pires a toujours réfléchi à l’influence de l’art sur la communauté, l’éducation, et finalement sur la vie, tout en essayant de développer la mise en application de ses théories pédagogiques dans de nouvelles directions. Elle recherche ainsi de nouvelles possibilités de communication qui respectent le développement de l’individu, en s’opposant à la logique destructrice et matérialiste de la globalisation. Dans cette optique, elle crée, en 1999, « Belgais », un centre pour l’étude des arts. C’est ensuite à Salvador de Bahia qu’elle développe la philosophie et la technique d’enseignement de « Belgais ».
Maria João Pires a enregistré pendant quinze ans pour Erato et puis est maintenant sous contrat avec Deutsche Grammophon qui a publié au mois de septembre son dernier récital violoncelle et piano avec Antonio Meneses, enregistré en public à Londres, au Wigmore Hall, janvier 2012.
Dernière venue : Saison 2012/2013, 2 novembre 2012 avec le Scottish Chamber Orchestra – Wagner, Mozart et Beethoven.
Antonio Meneses est né en 1957 à Récife, au Brésil dans une famille de musiciens. Il commence l’étude du violoncelle à l’âge de 10 ans. Au cours d’une tournée en Amérique du Sud, le célèbre violoncelliste Antonio Janigro remarque le jeune artiste, alors âgé de 16 ans, et l’emmène en Europe. De ce moment, Antonio Meneses étudie avec lui à Dusseldorf puis à Stuttgart. En 1977, il remporte le premier Prix au Concours de Munich et, en 1982, le premier Prix et la Médaille d’Or au Concours Tchaïkovski à Moscou.
Antonio Meneses est invité régulièrement par les plus grands orchestres, du Philharmonique de Berlin au National Symphony Orchestra, en passant par le New York Philharmonic,etc… Les plus grands chefs d’orchestre l’ont dirigé comme, C. Abbado, S. Bychkov, R. Chailly.Il participe à de nombreux festivals parmi les plus prestigieux. Fervent interprète de musique de chambre, Antonio Meneses a régulièrement joué avec le Quatuor Vermeer ou le Quatuor Emerson, en tournée. Il donne chaque été des cours d’interprétation à Sienne, ou très fréquemment, des récitals avec Gérard Wyss ou Menahem Pressler. De 1998 à 2008, il fut le violoncelliste du Beaux Arts Trio dans son ultime formation, aux côtés de Daniel Hope et Menahem Pressler. Il joue désormais avec Maria Joao Pires et le duo a déjà été invité dans nombre de salles de concert européennes, plus une tournée au Japon, ….
Antonio Meneses a participé à de nombreux enregistrements se référant à son instrument et ce, avec diverses récompenses à la clé. Son premier enregistrement en duo avec Maria Joao Pires chez DGG est désormais disponible.
Au cours de la saison 2013-2104, Antonio Meneses sera le soliste de l’Academy of St Martin in the Fields dirigée par Sir Neville Marriner, donnera deux concerts avec Maxim Vengerov à Londres, jouera à Hong Kong mais aussi à Sao Paulo et Buenos Aires, sera en tournée avec Maria Joao Pires en Autriche, France, Italie et en Suisse, entre autres. Il donne très régulièrement des cours d’interprétation tant en Europe (Madrid – Escuela Superior de Música Reina Sofía , Siena – Accademia Musicale Chigiana , …) qu’aux Etats-Unis ou au Japon. Depuis 2008, il enseigne au Conservatoire de Berne.
Antonio Meneses joue un violoncelle d’Alessandro Gagliano (1730) ou un instrument moderne de Michael Stürtzenhofecker (2009).
Schubert et sa Sonate pour arpeggione et piano
Le compositeur ne pouvait se douter de l’immense succès qu’aurait plus tard sa sonate, et, au moins par le nom, l’instrument alors associé au piano. La sonate attendra en effet 47 ans sa première édition, et ne connaîtra véritablement la célébrité qu’à partir de sa transcription pour violoncelle. Le cas de l’arpeggione fait partie de ces rares instruments, à l’existence plutôt brève, dont la notoriété s’est faite sur, comme ici, une seule œuvre. La sonate, récupérée par nombre de violoncellistes parmi les plus réputés, plus quelques flûtistes, clarinettistes, altistes et guitaristes a sauvé de l’oubli l’arpeggione.
L’arpeggione est une invention du luthier viennois Johann Georg Staufer, en 1823, qui eut la chance de rencontrer d’emblée son premier et dernier interprète, le guitariste Vincent Schuster. Le 30 avril, on pouvait lire « en ce qui concerne la beauté, la plénitude et la douceur du son, l’arpeggione se rapproche du hautbois dans l’aigu et du cor de basset dans le grave ». L’arpeggione, également appelé “guitare-violoncelle“, “guitare-archet“, et même “guitare d’amour“ et qu’un grand schubertien baptisera “instrument saugrenu“, est un dérivé de la viole de gambe et, de même que la viole, se joue avec un archet. Ses six cordes sont accordées comme celles d’une guitare afin de faciliter l’exécution des arpèges, d’où son nom, et le manche est garni de frettes métalliques pour mieux repérer les différentes positions. Staufer avait pensé à tout mais cela n’a pas suffi pour imposer son instrument.
Il est reconnu que l’exécution du troisième mouvement au violoncelle exigeant une grande agilité et virtuosité de l’interprète est beaucoup plus délicate qu’à l’arpeggione. C’est la seule œuvre en duo de Schubert qui puisse être inscrite au répertoire des violoncellistes. D’un charme évident, avec son petit côté comme désuet et nostalgique, se déroulant de la manière la plus évidente et naturelle, c’est un « tube » dans ce répertoire piano – violoncelle.
Les Trois Intermezzi de Brahms ne sont pas d’une folle gaieté. Composés en 1892 par un Brahms vieillissant, ils ne sont que pages de résignation, exigeant une écoute de tous les instants pour une musique intense, plutôt oppressante, teintée d’un désespoir profond.
Johannes Brahms composera deux Sonates pour violoncelle et piano à vingt ans d’intervalle, à la trentaine pour la n°1. Pas de mouvement lent – Brahms fait disparaître l’Adagio initialement prévu, sous réserve de le réutiliser, avec remaniements, dans la future Sonate – . A la n°1, on attribue le surnom de « sonate pastorale » aux trois mouvements définitifs pour lesquels on note une parfaite simplicité de structure, la même fraîcheur, la même spontanéité sans emphase de l’inspiration mélodique.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
jeudi 28 novembre 2013
Halle aux Grains
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