Il y a dans la vie de ceux qui fréquentent les salles obscures des périodes de creux cinématographiques, les vacances de Noël et le mois d’août en étant de bons exemples. Le rythme général se fait plus lent, les séances moins nombreuses, les re – sorties fréquentes*, le nombre de films à l’affiche moins important (ce qui n’est pas toujours une mauvaise chose) et par conséquent le choix en la matière plus limité.
Pourtant, l’envie de pellicule est toujours là, bien qu’on ne sache pas toujours vers quoi se tourner … D’ailleurs, ça ne vous arrive jamais d’avoir très envie d’aller au cinéma sans qu’aucun long – métrage ne vous mette la fièvre ?? … Moi ça m’arrive de temps en temps et c’était précisément le cas pour la séance de Frances Ha.
» Houlaaaaa … ça s’annonce mal cette histoire ! « . Et bien par forcément …
Frances, éternelle apprentie danseuse qui se rêve chorégraphe (à droite) vit en colocation avec Sophie (à gauche) à New – York. Elles sont BFF**, se connaissent depuis la fac et entretiennent une relation quasi fusionnelle. Elles partagent une colocation, passent la majorité de leur temps ensemble, l’une attendant l’autre à la sortie de son bureau quand ce n’est pas l’autre qui appelle l’une au beau milieu d’une rupture.
Mais quand Sophie a des envies d’émancipation et de déménagement dans le quartier dont elle rêve depuis toujours, Frances se retrouve livrée à elle – même (ne pouvant pas suivre son amie, le nouveau logis se révélant bien au dessus de ses moyens). Fanfaronne, se sentant un peu trahie aussi, elle va bravement faire face et en profiter pour donner un autre tournant à sa vie.
De nouvelles colocations en rencontres inattendues, de visite chez ses parents en week – end impromptu à Paris, la sautillante Frances va se découvrir des talents qu’elle ne mesurait pas.
Noah Baumbach, le réalisateur, signe ici son 7ième long – métrage. Scénariste confirmé, il a notamment co – signé La vie aquatique et Fantastic Mr Fox en collaboration avec Wes Anderson.
C’est curieux car ce n’est pourtant pas ce que donne à penser Frances Ha de prime abord, on jurerait plutôt le premier film d’un étudiant frais émoulu de son école de cinéma (et pas encore totalement affranchi du besoin de faire part d’influences). Je m’explique. Frances Ha possède un mignon côté intello à lunettes, renforcé par le milieu dans lequel évoluent les personnages (tous aspirants artistes, on y retrouve d’ailleurs Adam Driver dont c’était déjà le statut dans la série Girls) et de références à une certaine idée de la France (avec une héroïne qui aimerait lire Proust dans le texte et l’un des protagonistes qui est censé ressembler à Jean – Pierre Léaud).
On peut rajouter à cela le parti pris du noir et blanc (qui pourrait résulter d’une contrainte budgétaire), mais dont on sent le choix dicté par tout autre chose.
Cependant, lorsque le film va au – delà de ses références, on s’abandonne au charme de l’histoire, l’universalité d’un parcours (on a tous pu connaître des déboires similaires à ceux de Frances) et à la pétulance de son héroïne.
Portant le film sur ses épaules, Greta Gerwig est également à l’origine du projet puisqu’elle en est co – auteuse. Mêlant récit autobiographique (elle aussi est danseuse et a même convaincu sa propre famille de participer au tournage) et fiction, elle apporte une réelle fraîcheur et un enthousiasme communicatif à cette jeune femme impulsive qui essaie, galère, fait parfois des erreurs mais se risque malgré tout.
Sympathique non film de fin d’études, à la croisée des chemins du cinéma d’auteur et d’une espèce de journal intime, sur fond de ville incroyablement photogénique (filmez New – York et le moindre plan de rue aura une sacrée allure), Frances Ha saura vous apporter une bouffée de frais optimisme tout à fait bienvenu dans une étouffante journée d’été.
En vous remerciant.
* : Dans ce cas, je parle bien évidemment du fonctionnement d’un certain réseau de cinémas, dans le cadre des mégas – gigas – multiplex il n’est jamais question de rythme d’été, re – sorties de films ou ralentissement du nombre de séances. Et puis quoi encore, vous ne voudriez pas qu’on vous projette des films en VO tant qu’on y est ?!!
** : Quoi qu’est – ce que cet acronyme barbare ? Mais » Best Friend Forever » pardi ! Soit en bon français » Meilleur(e) Ami(e) Pour La Vie « . Ce qui donnerait MAPLV, mais on pourra dire ce qu’on veut, ça sonne beaucoup moins bien.