Pour l’Orchestre de Chambre de Toulouse, le mois d’avril est le mois des animaux. Du 8 au 17, les cordes toulousaines se font les interprètes de nos amis les bêtes. De Moissac à Toulouse, le programme de leurs concerts est centré sur le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns. Carl Nielsen et Wolfgang Amadeus Mozart sont également de la fête.
Comment imaginer que le très docte Saint-Saëns, taxé parfois d’académisme, aie pu concevoir une œuvre aussi iconoclaste que ce Carnaval des Animaux. C’est pourtant bien lui qui a imaginé, en 1886 à l’apogée de son succès, cette plaisanterie musicale en forme de suite instrumentale. Saint-Saëns composa l’œuvre au cours de ses vacances dans un petit village autrichien. Son but était de faire rire, sans tomber dans la puérilité, ce qui lui fut reproché, car on le considérait comme un compositeur sérieux. Créé durant le Carnaval de Paris, à l’occasion du Mardi gras, il fut rejoué par la société « La Trompette » pour fêter la Mi-Carême. Le compositeur interdit ensuite l’exécution publique de cette œuvre de son vivant. Il fallut attendre la lecture de son testament pour que l’œuvre soit rejouée en public. Seule la pièce intitulée Le Cygne était exclue de cette censure, et fut si volontiers jouée qu’elle devint le « tube » de générations de violoncellistes.
Cette partition prouve que l’humour n’était pas étranger au personnage. Celui qui eut l’honneur d’assister à l’inauguration de sa propre statue à Dieppe et dont on attendait un long discours, se contenta de faire cette déclaration : « Puisqu’on n’élève des statues qu’aux morts, c’est donc que je suis mort. Alors permettez-moi de garder le silence! »
Le Carnaval des Animaux est donc une suite musicale à la gloire du roi lion, des poules et coq, hémiones, tortues, éléphant, kangourous, aquarium, personnage à longues oreilles, fossiles, coucous, volière, cygne et même… pianistes ! C’est à la visite d’un très grand zoo musical que Saint-Saëns et l’Orchestre de Chambre nous invitent. Cette œuvre devenue finalement célèbre sera précédée de l’autre grand « tube » de Saint-Saëns, la Danse Macabre.
Deux autres compositeurs sont donc également inscrits au programme de cette série de concerts. Carl Nielsen tout d’abord dont l’OCT jouera la Petite Suite op. 1. Interprétée en public le 8 septembre 1888, dans la salle de concert de Tivoli, elle constitue le premier succès qu’ait connu Nielsen et comporte trois mouvements : Praeludium, Intermezzo et Finale.
Egalement au programme de ces soirée, le Quatuor à cordes n° 17 « La Chasse » K 458 en si bémol, de Mozart. Créé en novembre 1784, ce quatuor est un hommage au style de Haydn, un aboutissement aussi. Mozart y a également multiplié les clins d’œil, depuis les motifs de chasse du premier mouvement, les imitations de cor de chasse, jusqu’aux chevaux bondissants dans certaines phrases.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
mardi 9 et jeudi 11 avril à 20h30
Auditorium St-Pierre-des-Cuisines
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mardi 16 et mercredi 17 avril à 20h30
L’Escale de Tournefeuille
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