Je vous avais déjà fait part de ma théorie selon laquelle une image peut suffire à donner envie de voir un film (cf billet Submarine). Pour la pellicule d’aujourd’hui, j’avoue que la photo suivante avait su piquer ma curiosité.
Chouette !! Enfin un film digne de ce nom sur le trial.
Vous allez me dire, oui bon, c’est bien, mais enfin ce n’est pas non plus la photo du siècle. Je suis bien d’accord avec vous (je suis TOUJOURS d’accord avec vous), ceci dit lorsque j’y suis tombée dessus la première fois, je n’ai pas pu m’empêcher de lui trouver une atmosphère étrange à cette photo (de par la lumière et le cadrage). Je me suis aussitôt demandé ce qui avait pu amener le personnage à cet endroit, ce qui faisait qu’il était attifé de la sorte et surtout qu’est – ce – qu’il pouvait bien regarder de cet air à la fois scrutateur et détaché… Vous avez compris le processus : une simple image, la machinerie est lancée, on commence à se raconter une histoire et à se demander où elle peut bien nous mener … A commencer par le cinéma le plus proche.
De plus, ici, le très joli film sur la naissance et la mort d’un couple (Blue Valentine, que je ne pourrais que vous recommander) du même réalisateur (Derek Cianfrance) n’avait fait que me conforter dans mon choix.
Tout commence avec le dos d’un homme au corps couvert de tatouages dignes d’un vieux loup de mer, marchant fiévreusement dans une pièce. La caméra l’accompagne, le colle même et le suit lorsqu’il part à travers les méandres d’une fête foraine. Nous venons de faire connaissance avec Luke, prodige de la moto, garçon sans amarres, qui gagne sa vie en la risquant dans le globe de la mort (où, à toute berzingue et avec l’aide de deux comparses, il défie les lois de la gravité et de la collision frontale) et traîne ses guêtres de par le monde au gré des déplacements de son gagne pain. La dernière fois qu’il était passé par ici il avait rencontré Romina,
elle était bien mignonne mais pas suffisamment pour lui donner envie de rester. Un an plus tard (au retour de la fête dans la ville) et n’ayant rien de mieux à faire, il décide d’aller lui rendre visite. Il découvre que son dernier passage a laissé des traces sous la forme d’un bébé. Décidant de s’investir dans la vie de son enfant (et ceci même si Romina n’a pas vraiment donné son accord) et de pourvoir aux besoins matériels des deux, il quitte son existence itinérante. Mais pour mener à bien de pareils projets, il est essentiel de gagner sa vie et à part un don inné pour piloter sa moto à toute blinde, Luke ne sait pas faire grand – chose. Le hasard met sur sa route Robin, qui va lui délivrer toutes les subtilités du braquage de banque.
J’aurais bien du mal à vous en dire davantage sans vous dévoiler des ressorts forcément essentiels. Sachez seulement que le film se déroule en 3 temps, liés par la trajectoire de plusieurs personnages (c’est un peu mystérieux, mais c’est pour votre bien).
J’aurais ensuite envie de m’insurger un brin. A l’instar d’une communication matraquant à qui mieux mieux la place prépondérante du peroxydé Ryan Gosling (je n’ai absolument rien contre ce charmant garçon et impeccable acteur au demeurant. Force est même de constater à quel point son rôle est important et sa prestation tout en intensité, il bouffe littéralement l’écran), on en viendrait presque à croire que lui seul joue ici. Ce genre de publicité ciblée sur un unique acteur (fort populaire, capable de rameuter en masse un public d’aficionadas, on l’aura bien compris) au détriment du reste du casting et de la valeur d’une réalisation, a vraiment le don de me briser menues menues les castagnettes que je n’ai pas.
A part un Bradley Cooper en jogging et une Eva Mendes sans maquillage (rhoooooo ça va ! On peut déconner !),
vous verrez donc Ray Liotta (condamné ad vitam eternam à, quand il ne fait pas le mafieux, faire le flic) dans un tout petit mais essentiel rôle, campant une pourriture d’individu dont lui seul à le secret,
ainsi que le très jeune et solaire Dan DeHaan.
Puisque l’on en vient en parler d’un marketing qui ne joue pas le vrai, si vous avez eu le malheur de croiser une bande – annonce avant d’être allé voir le film, je vous conseille d’oublier au plus vite ce que vous avez pu y voir. En effet, pour être tombée sur l’une d’entre elles (après projection, heureusement) et avoir pu y lire :
j’en suis venue à me demander si le monsieur (ou la dame hein, ne soyons pas misogyne) d’Entertainement Weekly et moi – même avions bien vu le même film.
Car non, The place behond the pines n’a rien du thriller haletant qu’on prétend vous vendre. C’est au contraire un film lent (et quand je dis cela, n’y voyez rien de négatif), elliptique, aux personnages taiseux, construit sur des ambiances qui prennent le temps de s’installer.
Si je n’ai rien absolument rien contre la lenteur, je vous avouerais pourtant avoir été tentée (par moments) de regarder ma montre. L’esthétique du silence, des plans où les personnages se disent tout oui mais avec un regard, ont parfois la fâcheuse tendance à laisser celui qui regarde sur le bord de la route.
Ce long – métrage possède des qualités indéniables de récit, de réalisation (une photo superbe, notamment dans les scènes de nuit) et de montage. Cependant, si l’histoire apporte un questionnement intéressant sur la filiation, son poids et ses obligations, j’ai eu le désagréable sentiment que le traitement en était parfois un peu simple, voire simpliste …
Comme aurait pu dire en un autre temps un bien grand et vert philosophe : assez partagée sur le fond finalement je suis … J’attendrais donc, cher lecteur de mon coeur, que vous alliez voir vous aussi The place behind the pines et que vous me fassiez part de vos avis et critiques qui, j’en suis certaine, éclaireront au mieux ma lanterne.
En vous remerciant.
L’info en plus : Si Derek Cianfrance fera tourner Omar Sy dans sa prochaine réalisation (attendu aussi dans le prochain X Men), Ryan Gosling oeuvrera dans le nouveau long – métrage de Nicolas » my favorite » Winding Refn (sortie fin mai, hâte hâte !!). Au vue de l’affiche, ça ne va pas faire dans la dentelle ...