Une rétrospective Raymond Depardon est organisée jusqu’au 12 avril 2026, à Montpellier, au Pavillon Populaire, salle d’exposition dédiée à la photographie récemment rénovée. A cette occasion, Actes Sud réédite une monographie consacrée au reporter dans la collection « Photo Poche ».

Glasgow, 1980. Photo Raymond Depardon/Magnum Photos
Pour la photographie, Toulouse a le Château d’Eau, créé en 1974 par Jean Dieuzaide et rouvert il y a peu après un an et demi de travaux. A Montpellier, les amateurs d’image fixe sont fidèles au Pavillon Populaire, salle d’exposition municipale très centrale puisqu’elle se trouve tout près de la place de la Comédie. Le bâtiment, de style néo-renaissance a été inauguré en 1891 et a connu diverses affectations. Lieu d’exposition depuis 1991, il se consacre exclusivement à la photographie depuis 2010 sous la houlette du directeur artistique Gilles Mora, aujourd’hui âgé de 80 ans, dont le mandat se termine ce mois-ci. A l’actif de ce critique spécialisé dans la photographie américaine, de grandes expositions signées Brassaï, Ralph Gibson, William Eugene Smith, Linda McCartney, Bernard Plossu, Denis Roche, etc.

Valdivia, Chili, 2007. Photo Raymond Depardon/Magnum Photos/Service de presse Mairie de Montpellier
Comme le Château d’Eau, le Pavillon Populaire vient d’être rénové. Après 8 mois de travaux, il propose une rétrospective digne de cet événement, consacrée à Raymond Depardon. Sous le titre « Extrême Hôtel » (nom d’un établissement d’Addis-Abeba où le reporter a plusieurs fois séjourné), l’exposition suit cette idée : « prendre le temps d’observer ce qui nous entoure ». Elle réunit près de 150 photographies, des années 1960 à nos jours, et s’organise en plusieurs séries, parmi elles « La terre des paysans », « La Datar », « USA », « Carthagène » et « Tokyo ».
Guerre au Liban, Jeux Olympiques…
Entre photojournalisme et déambulations plus personnelles, cette « carte blanche » à Raymond Depardon privilégie la couleur. Le travail pour la presse est là, avec notamment des reportages sur la Reine Elizabeth, la guerre du Liban ou les Jeux Olympiques. Mais on découvre aussi des périples non liés à l’actualité sous forme d’impressions de voyages intimistes, dont une série inédite réalisée à la chambre photographique au Texas, au Nouveau Mexique et au Dakota du Sud.

New York, 1981. Photo Raymond Depardon/Magnum Photos
L’exposition montpelliéraine s’accompagne de la réédition du « Photo Poche » consacré à Raymond Depardon. Se voulant plus colorée que les précédentes (1999 et 2006), elle affiche en couverture un portrait de Marcel Privat, personnage central des « Profils paysans » chers au reporter et documentariste. L’agriculteur à l’air pensif succède à un malade psychiatrique planquant son visage dans sa veste. Le volume fait donc une place plus large aux images en couleur que pratique aussi Raymond Depardon depuis de longues années. On retrouve ainsi la ferme du Garet, près de Villefranche-sur-Saône, où grandit le futur photographe ; les paysans chiliens du temps d’Allende (vus à Toulouse, au Château d’Eau, en 2023) ; les habitants de Beyrouth qui survivent malgré la guerre civile en 1978 ; Glasgow en gris et rose en 1980 ; la France banale des petites villes à la fin des années 2000, etc.
Classiques en noir et blanc
Sans oublier, en noir et blanc, des photos iconiques : Richard Nixon triomphal en 1968, Françoise Claustre, otage au Tchad en 1975, l’envol de Nadia Comaneci aux JO de Montréal en 1976, les gamines de Harlem sautant de joie dans une rue en 1981, un jeune homme à califourchon sur le mur de Berlin en 1989…et, encore lui, Marcel Privat appuyé contre la vieille bâtisse de sa ferme lozérienne en 1993. Vaste est le monde de Raymond Depardon, variés ses angles d’approche. Et toujours juste la distance avec les humains qu’il photographie et les vies qu’il raconte.
Exposition « Extrême Hôtel » de Raymond Depardon, jusqu’au 12 avril 2026 au Pavillon Populaire-Ville de Montpellier (esplanade Charles-de-Gaulle). Tél. 04 67 66 13 46. Gratuit.
« Photo Poche » Raymond Depardon • Actes Sud


