Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Macadam Cowboy de John Schlesinger
Succès public et critique, couronné par trois Oscars (dont celui de meilleur film et de meilleur réalisateur), Macadam Cowboy, sorti en 1969, est une œuvre indissociable de son époque, à savoir l’éclosion du « Nouvel Hollywood » dans le sillage de jeunes cinéastes bousculant l’ancien système. Place aux marges, aux personnages ambivalents voire franchement négatifs, aux sujets qui dérangent, à une représentation crue de la violence et du sexe. Cahier des charges rempli par Macadam Cowboy qui évoque le thème de la prostitution masculine et met en scène deux marginaux. Voici Joe Buck, caricature parfaite du cowboy texan qui débarque à New York avec l’ambition de vivre de son physique avantageux en le monnayant auprès de femmes mûres. Hélas, les illusions du jeune candide vont vite s’envoler et sa rencontre avec Rico, alias « Ratso », petit escroc boiteux, l’installer dans un univers de combines minables, de misère et de déchéance.

© Mission
Figure de la « Nouvelle Vague anglaise », John Schlesinger en transpose certains codes dans son premier film américain parmi lesquels le tournage en décors naturels (en l’occurrence les rues de New York) et la description de cruelles réalités sociales subies par des laissés pour compte. Cependant, c’est d’abord par sa représentation de la sexualité, en particulier homosexuelle, que Macadam Cowboy va marquer son temps (le film sera classé X aux Etats-Unis lors de sa sortie).
Dimension sociologique
Indissociable de la chanson d’Harry Nilsson, Everybody’s Talkin’, le film l’est tout autant de ses interprètes. Il offre ainsi à Jon Voight (qui obtiendra l’Oscar du meilleur acteur pour Retour d’Hal Ashby en 1979) son premier rôle principal face à un Dustin Hoffman devenu star depuis Le Lauréat de Mike Nichols en 1967. Avec un sens du tragique qui n’exclut pas l’humour noir, Macadam Cowboy sonne le glas du rêve américain à travers une critique du consumérisme, de la télévision, de la publicité, de la religiosité, du culte de l’argent.

Si le propos reste d’actualité, la forme du film a considérablement vieilli à l’image de la profusion d’effets (flashback, utilisation du noir et blanc, scènes oniriques, montage syncopé voire épileptique, surimpressions…) utilisés par le cinéaste. La longue scène dans une soirée branchée, directement inspirée par la Factory d’Andy Warhol, nous plonge, sur fond de drogue et de sexe, dans le climat psychédélique d’une époque. Cette dimension sociologique confère ainsi à Macadam Cowboy une valeur de document.
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