Récital unique ce mardi 2 décembre à 20h au Théâtre du Capitole de la soprano Annick Massis accompagnée par le pianiste Antoine Palloc. Un récital intitulé Adieux à Toulouse, un véritable honneur fait au Théâtre du Capitole et à son Directeur artistique Christophe Ghristi, dans un programme très diversifié. Émotion assurée.

Opéra national du Capitole © Christophe Caracso
Entre autres en effet, car la liste serait longue si on devait énumérer tous les rôles qui l’ont vu marquer de son sceau par son chant et sa théâtralité. Les Lucia, Adèle, Philine, Leïla, Matilde, Francesca, Eudoxie, Giunia, Rosina, Rosinne ! Donna Anna, Juliette, Adina, Konstanze, Elvira, Giuletta, Marguerite, Andromède, … Elle pouvait vous confier en son temps : « Je me vois mal faire carrière avec cinq ou six rôles. » Et loin s’en faut de la bâtir uniquement sur des emplois virtuoses, à la recherche de suraigus stratosphériques. Par contre, les rôles qui donnent la possibilité de faire du théâtre l’ont toujours grandement interpelée. Et donc, « Une carrière, c’est une construction sur toute une vie. »

Lucrèce Borgia au Capitole en 2019 – Annick Massis (Lucrèce Borgia) Et Mert Süngü (Gennaro) Crédit Patrice Nin
Une voix évolue au cours des années qui passent et c’est grâce à ce fait naturel conforté par un travail acharné qu’Annick Massis a pu revenir chanter sur la scène du Théâtre du Capitole en 2019 dans un rôle que Christophe Ghristi souhaitait la voir à tout prix aborder, à savoir Lucrèce Borgia de Donizetti. La chose fut faite, et le résultat enthousiasmant. En tant qu’amateur de chant lyrique, je ne vais pas lui reprocher d’avoir laissé de côté son métier précédent, avant celui de chanteuse ! « Et en effet : pari gagné. Le grand soprano drammatico d’agilità e forza a dominé le rôle, brossant un portrait parmi les plus complets de l’héroïne. Incarnation réussie. Physiquement crédible, forte d’une technique sans faille éprouvée sur les plus grandes scènes, sachant fort bien ce qu’elle peut faire, ou pas, elle est ainsi libérée de toute prise de risques inutiles. Cette vocalità, elle connait. Seuls, les quelques véritables connaisseurs du rôle pourraient invoquer telle ou telle facilité ou manque, prisonniers indécrottables qu’ils sont de vieilles cires. 99,9% des autres n’auront eu qu’à apprécier, un phrasé, dès le Prologue, un « Com’è bello » à ravir, une ligne mélodique sans faille, les jeux de clair-obscur, la palette de couleurs, la projection, le médium comme les graves, sonores sans appuyer et bien sûr les aigus et toujours ces vocalises, trilles sans reproche et pianissimos comme autrefois. La fin de l’ouvrage soulève le Capitole tout comme auparavant la scène très investie physiquement du marchandage raté avec le Duc. Grand moment de théâtre. »

Annick Massis en Philine ( Mignon) au Capitole en 2001 – Photo : Patrick Riou
Quelques autres impressions parmi des dizaines : Pour un Rinaldo de Haendel de mai 2005 on a pu lire : « Avec son timbre lumineux et sa ligne scrupuleusement contrôlée, Annick Massis campe une admirable Almerina et nous offre un “Lascia ch’io pianga“ vraiment touchant, à la fois mélancolique et désespéré. »
Pour deux Donizetti inédits, Elvida et Francesca di Foix, on est en 2005, le timbre n’a rien perdu de ses qualités ; il a même gagné un corps et une présence qu’il ne possédait pas il y a une dizaine d’années. L’interprète, même si elle demeure toujours un peu trop timide et lisse, a également gagné en assurance et en brio, comme en témoigne son incarnation de Francesca. Mais, c’est surtout sa maîtrise technique qui suscite l’admiration, en particulier dans Elvida. Poussée dans ses derniers retranchements par une écriture vocale dépassant ses possibilités actuelles, la soprano sort enfin de ses gonds, enchaînant trilles, ornements et suraigus décoiffants.
Dans un Candide de Bernstein en 1995, elle est une Cunegonde superlative de par son charme, son chant précis, nuancé donnant une impression de naturel et de facilité réjouissante.
Dans Le Comte Ory en 2001 au Théâtre du Capitole : « …la soprano française a fait du rôle d’Adèle de Formoutiers, l’un de ses principaux chevaux de bataille. Il faut ici une fois de plus la créditer d’une remarquable agilité vocale et d’une justesse rarement prise en défaut. »
Dans Mignon au Capitole en 2001 en Philine, « la cantatrice ne se limite pas aux aspects pyrotechniques. Coquette et charmeuse, irrésistible même, elle paraît aujourd’hui au zénith de son art. »
Son pianiste accompagnateur est plus que recherché, Antoine Palloc. Le musicien natif de Nice a étudié avec des pointures comme Dalton Baldwin et Martin Katz, ce dernier ayant été l’attitré de la grandiose Marilyn Horne, c’est tout dire. Antoine Palloc accompagne, et on a plaisir à énumérer, Sonya Yoncheva, Marina Rebeka, Karine Deshayes, Jennifer Larmore, Mireille Delunsch, Vannina Santoni, J.F. Borras, Benjamin Bernheim, Florian Sempey, Nicolas Courjal……Il nous dit avoir eu le déclic pour choisir cette voie après avoir assisté à un récital de la regrettée soprano Mady Mesplé accompagnée par Donald Baldwin. Et, depuis ses débuts avec Frederica von Stade, il travaille aussi bien avec des chanteurs affirmés, vedettes des scènes de l’art lyrique qu’avec des débutants.


