Du 11 au 25 novembre, l’association « Les Amis de 349 Gallery » propose à l’Espace Ferrat de la ville de Seilh l’exposition « Salvador Dalí, un artiste atypique » rassemblant une centaine d’œuvres prêtées par des collectionneurs privés. Entretien avec Frédéric Pinson-Meilhac, commissaire de l’exposition.

© FPM-349Gallery
Quels types d’œuvres vont être exposées ?
Il y aura une centaine d’œuvres de Dalí répertoriées : lithographies, gravures, sculptures, faïences, médailles, céramiques, flacons de parfum, affiches et des archives sonores d’époque. Le clou de l’exposition est la « Dali’s room » qui est la chambre-atelier reconstituée de Salvador Dali dont les fenêtres offrent la vue sur Portlligat. Tout est en place comme si l’artiste allait revenir dans quelques minutes pour reprendre une toile inachevée…Une véritable immersion dans l’intimité de l’artiste.
Comment définiriez-vous cet « artiste atypique » ?
On en prend la mesure à l’écoute de la vidéo qui lui est consacrée. Au-delà du personnage extravagant, extraverti, as du marketing bien avant les réseaux sociaux; on s’aperçoit qu’il est en fait très classique dans tous les sens du terme : dans sa façon de vivre, dans sa façon de peindre, dans sa manière d’envisager le monde qui l’entoure. On s’attend peu à voir ce personnage, après sa participation active au mouvement des surréalistes, verser dans un classicisme détonant. Par exemple, lorsqu’il vénère l’art pompier, lorsqu’il met en avant son amour et respect pour Meissonier et l’art « pompier », on peine à imaginer que cet artiste-là était encore quelque temps auparavant aux côtés d’André Breton.
Dans la vidéo que nous projetons, lorsqu’on lui demande s’il pourrait s’adresser une critique à lui-même, il demande à son l’interlocuteur de préciser s’il s’agit d’une critique sur sa manière d’être ou sur sa peinture… C’est-à-dire qu’il est capable de dépasser l’apparente superficialité dont il a pu jouer pour renouer avec des choses plus profondes comme sa dimension spirituelle. Ainsi, qu’il crée ou qu’il s’exprime, cette singularité est très frappante. Enfin, sa manière même de peindre est très classique et toujours figurative. Si vous prenez son « Christ de saint Jean de la Croix » qui est peint en plongée, il a eu recours à un modèle et a procédé à beaucoup de dessins d’études, exactement comme le faisaient les maîtres du XVIIème ou du XVIIIème. C’est assez révélateur.

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La collaboration de Dalí avec le cinéma a été relativement secondaire, mais il a collaboré à des œuvres marquantes comme Un chien andalou de Luis Buñuel ou La Maison du docteur Edwardes d’Alfred Hitchcock. Cette dimension-là est-elle présente dans l’exposition ?
Assez peu parce que nous avons une vocation pédagogique et l’association « Les Amis de 349 Gallery » a la volonté d’amener l’art auprès du plus grand monde. Il s’agit ainsi d’être une sorte de passerelle entre le public et des espaces inattendus. Mais de fait, nous sommes limités dans le sens où nous ne pouvons pas tout montrer et explorer. Buñuel a été très important pour Dalí et nous aurions pu développer cet aspect plus largement, même si nous y faisons référence, mais il faut faire des choix.
Pouvez-vous nous présenter l’association « Les Amis de 349 Gallery » à l’origine de cette exposition ?
Cette association est née il y a un peu plus de quinze ans à Toulouse, à Beauzelle plus précisément. Mon ami Laurent Deshais en est le président et avait créé précédemment une galerie d’art qui a donné naissance à une association extrêmement active permettant à des artistes de se développer et d’exposer. Nous nous sommes rencontrés voici plus de dix ans autour de salons réunissant des artistes contemporains, mais quand l’épidémie du Covid est survenue, ce modèle n’a plus fonctionné. Laurent Deshais a eu alors l’idée de solliciter les membres de l’association qui étaient aussi souvent des collectionneurs. Nous avons découvert qu’il y avait des trésors chez ces collectionneurs, ce qui nous a donné l’idée d’organiser des expositions autour de Soulages, Miró ou Dalí, entre autres. Il s’agit donc d’une initiative collective qui doit beaucoup à ces collectionneurs qui prêtent généreusement leurs œuvres.

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Des artistes vont également exposer leurs œuvres durant cette manifestation.
Nous avons conservé cette dimension-là. Certains artistes ont été pénalisés par les conséquences du Covid en termes d’exposition et nous avons choisi de conserver un certain espace pour ceux qui voudraient bénéficier de cette dynamique afin de montrer et vendre leurs œuvres.
Les précédentes éditions ont été consacrées à Pierre Soulages et à Joan Miró. Avez-vous déjà des idées ou des envies pour celles à venir ?
Oui, nous sommes en train de préparer une exposition autour de peintres de l’après-guerre. Avec les collectionneurs, nous avons répertorié un certain nombre d’œuvres liées à des thèmes ou à des mouvements comme l’art cinétique, l’abstraction lyrique, le cubisme, etc. Nous réfléchissons en ce moment au salon qui se déroulera à Saint-Orens fin avril, début mai prochain. Il fonctionnera à travers plusieurs espaces mettant en valeur les différentes époques et les mouvements picturaux.
Horaires Ouvert tous les jours 7/7, de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h30. Dernière visite à 18 heures. Entrée gratuite pour les moins de 18 ans. Entrée : 8 €. Entrée + Catalogue : 12 €. Catalogue : 6 €


