Un simple accident un film de Jafar Panahi
C’est la nuit. Une voiture roule sur une route que l’on devine peu hospitalière. Nous sommes en Iran, aujourd’hui. Un choc. Le conducteur descend, fait le tour du véhicule puis remonte et rassure sa femme et sa petite fille. Ce n’est rien. Il demande cependant à son épouse un mouchoir… Mais le véhicule doit être réparé. Le conducteur l’emmène dans un garage. Là, un homme, Vahid, se cache immédiatement du visiteur. Il croit reconnaître chez ce client un tortionnaire des geôles iraniennes dans lesquelles il a été enfermé et torturé. Il va suivre ensuite la voiture et kidnapper son conducteur, l’emmener en plein cœur du désert et creuser un trou dans lequel il compte l’enterrer vivant, alors que l’homme clame son innocence. Dans le doute et avant le moment fatal, Vahid enferme l’individu dans une boite à l’arrière de son van et le ramène à Téhéran afin de le faire reconnaître par d’autres anciens prisonniers. C’est le début d’une aventure dans laquelle un humour vraiment noir le dispute à un sombre portrait d’une société iranienne contemporaine archi-corrompue. A la fin de ses investigations, Vahid aura été rejoint par une photographe, un couple de jeunes mariés et un cinquième individu qu’ils auront du mal à freiner tant ce dernier veut la mort immédiate du tortionnaire. Car en fait, il s’agit bien de lui et malgré ses dénégations et à l’issue d’un interrogatoire final traumatisant pour le spectateur, il avouera.

Enorme clin d’œil à En attendant Godot – Crédit : Les Films Pelléas
Dans son caractère souvent burlesque faisant de l’œil à la pièce de Samuel Beckett En attendant Godot, tourné semi-clandestinement en Iran, ce film nous offre encore une fois le regard sans concession (et comment en serait-il autrement?) d’un réalisateur par deux fois emprisonné pour raisons politico-culturelles. Dans son dernier opus, Jafar Panahi traite avant tout de la vengeance. Faut-il être aussi sanguinaire que les bourreaux eux-mêmes ? Œil pour œil où laisse-t-on une certaine justice faire son œuvre ?
Palme d’or à Cannes 2025, le film a plus surement récompensé le courage d’un grand réalisateur qui ne baisse pas les bras face au régime liberticide des mollahs. Palme du courage assurément !