CRITIQUE. FESTIVAL. 46eme festival PIANO AUX JACOBINS. Cloître des Jacobins, le 10 septembre 2025. BACH/HESS ; SCHUBERT ; STRAVINSKI ; GERSHWIN. ARLEN/JARRETT ; Clayton STEPHENSON (piano).
Le piano plein phare de Clayton Stephenson.
Le jeune pianiste américain vient offrir son premier concert en France à Piano aux Jacobins. Sa formation purement américaine lui confère une grande confiance et une énergie généreuse. Il débute son récital par le Choral Jésus que ma joie demeure de Bach arrangé par Myra Hesse. Son jeu est généreux, la clarté des lignes de mélodies est admirablement lisible. L’équilibre entre les deux mains semble parfait. Le rubato est romantique et les nuances sont marquées. Il ne se dégage pourtant rien de très personnel dans ce jeu assez retenu et lisse. Puis la série des quatre Impromptus Op.90 de Schubert va permettre au pianiste de mettre en valeur un piano athlétique et virtuose. Les nuances sont très marquées, les rythmes très tendus et les couleurs restent toujours très lumineuses. Il n’y a ni ombres ni couleurs variées dans ce piano. Pas de mélancolie non plus. Le bonheur est constant dans le jeu et l’attitude du pianiste. Même le troisième Impromptu qui peut être si habité reste ici très extérieur. Dans les trois mouvements de Petrouchka de Stravinski le piano est encore plus sonore et brillant. Le rythme est sauvage et les nuances extrêmes, parfois les fortissimi sont au bord de la saturation du son dans la salle capitulaire.
Puis l’arrangement de Keith Jarrett de Over the Rainbow apporte un peu de calme. Pour finir c’est dans la Rhapsodie in Blue que le pianiste américain confirme ses qualités rythmiques et sa virtuosité infaillible. Il semble prendre un envol puissant que rien ne pourrait arrêter. Ce récital enchaîné sans véritable pause impressionne le public qui applaudit généreusement. Très souriant et heureux le pianiste américain donne volontiers deux bis de jazz.
Très éclectique, le programme de Clayton Stephenson n’a pas permis de déterminer le répertoire à privilégier. C’est tout le temps le même piano brillant, virtuose et athlétique qui se manifeste dans tous les répertoires abordés. Voilà un jeune pianiste américain âgé de 26 ans aux grands moyens spectaculaires. Il lui reste à affiner une musicalité plus européenne pour le répertoire romantique.
Crédit photo : Thierry d’Argoubet.
Ce premier concert du jeune prodige américain a été enregistré par France Musique en direct