Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
La Planète des singes de Franklin Schaffner
Si Franklin Schaffner ne fut pas l’un des grands cinéastes américains de son temps, on lui doit quelques œuvres marquantes telles que Patton, Papillon et bien sûr La Planète des singes sorti en 1968. Au cours d’un voyage de plusieurs mois débuté en 1972, effectué à la vitesse de la lumière et censé se projeter dans un futur lointain, un vaisseau spatial américain, comprenant quatre astronautes, s’écrase sur une planète inconnue. Le compteur indique l’an 3978 et les trois survivants menés par le capitaine George Taylor découvrent une atmosphère semblable à celle de la Terre. Rapidement, ils rencontrent une tribu d’humains peu évolués et ne maîtrisant pas la parole. Mais la perspective de devenir les maîtres de cette planète à l’allure de paradis perdu s’achève après une chasse menée par des cavaliers armés qui se révèlent être des gorilles…
La Planète des singes fait partie de ces films dont on connaît le point de départ avant même de les avoir vus. A défaut de jouer sur la surprise, le scénario et la mise en scène vont savamment alimenter la curiosité et l’attente du spectateur. Adapté du roman de Pierre Boulle, mais avec une construction et un point de vue narratif sensiblement différents, le film propose un étonnant renversement de perspective : sur cette planète, les singes (gorilles, chimpanzés, orangs-outangs) sont les maîtres et sont dotés de la parole quand les humains ne constituent qu’une espèce considérée comme dénuée de conscience. Blessé aux cordes vocales lors de sa capture, le capitaine Taylor va devoir son salut à « l’humanité » du docteur Zira, un chimpanzé femelle aux idées avancées, qui croit déceler dans son objet d’études un stade d’évolution plus avancée que chez ses congénères.
Fin inoubliable
Mêlant action, suspense et une part de comédie satirique, le film de Franklin Schaffner séduit par la richesse de son propos et de ses arrière-plans. Car cette civilisation simiesque a reproduit, à son échelle et avec ses moyens relativement archaïques, les mêmes travers que celles des hommes à travers leur histoire : violence, guerre, fanatisme, racisme, obscurantisme, esclavagisme… En outre, comme toutes les grandes œuvres de science-fiction, La Planète des singes parle surtout de son époque par des allusions à la guerre du Vietnam, à la ségrégation raciale ou au péril nucléaire. A ce sujet, la scène finale demeure plus de cinquante ans après la réalisation du film l’une des plus stupéfiantes de l’histoire du cinéma.
De la qualité des maquillages à la composition de Charlton Heston qui signe ici l’un de ses grands rôles, La Planète des singes est une totale réussite dont le succès public comme critique l’a profondément inscrite dans la culture populaire. Deux séries télévisées et pas moins de neuf long-métrages (suites, remakes, films dérivés) ont prolongé l’univers de l’œuvre initiale sans jamais égaler sa force ni son intelligence.
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