Une partition oubliée de Jean-Sébastien Bach sera jouée pour la première fois en public depuis sa création, à Toulouse. Du 6 au 8 juin 2025, Toulouse accueille la 17e édition du festival Passe ton Bach d’abord, organisé par l’Ensemble Baroque de Toulouse sous la direction de Michel Brun. Comptez entre huit et une vingtaine d’euro pour les concerts joués par des musiciens professionnelles, les autres son gratuit. Cette année, le thème est « À l’improviste », il met à l’honneur l’art de l’improvisation, cher à Jean-Sébastien Bach. Au programme : une centaine de concerts de 30 minutes mêlant musique baroque, jazz, beatbox et créations contemporaines, dans des lieux patrimoniaux et insolites de la ville.

Ensemble Baroque De Toulouse © Benoit Michellod
« Tenter de rendre la musique de Jean-Sébastien Bach accessible à tous, car chacun peut y être sensible peu importe l’âge, il faut simplement se donner les moyens de se sentir concerné par ce style musical ». C’est l’objectif de ce festival Passe Ton Bach d’abord. Michel Brun, dirigeant de l’Ensemble Baroque de Toulouse et organisateur du festival Passe ton Bach, en a la ferme conviction.
Passe ton Bach souhaite donc « toucher un public qui n’est pas uniquement le public de la musique classique », poursuit Michel Brun, mais un public aux nombreux croisements générationnels. Preuve en est, la musique de Bach, si ancienne soit-elle, datant du début du 18e siècle, sera interprétée de manière classique mais aussi moderne, par des musiciens de musiques actuelles.
À la croisée des publics
À titre d’exemple, lors de l’ouverture à La Cabane, le 6 juin à 20h, une partie du public aimant la musique dite savante y trouvera son compte avec les Concertos pour bassons de Vivaldi, joués par l’Ensemble Baroque de Toulouse. Mais dans un second temps, ce même public a des chances de se laisser surprendre, prendre par les sentiments, par une reprise de Bach plus retravaillée, jouée par Tiko, un beatboxer. Et inversement. Tous deux auront le plaisir de côtoyer la même scène et le même public, donnant à chacun présent dans la foule, la possibilité de redécouvrir ou de découvrir des horizons musicaux. À condition que l’improvisation ne prenne guère le dessus.
Laisser libre cours à son imagination
Ainsi, l’improvisation sera d’augure au cours des différentes prestations. Une session d’improvisation est d’ailleurs au programme, avec deux encadrants, dont l’un en musique de jazz, et l’autre en musique baroque, qui expliqueront comment improviser sur de la musique ancienne. Une intention pédagogique, plus sensorielle qu’intellectuelle. « À nous de montrer qu’au 21e siècle on peut avoir redécouvert suffisamment la pratique de la musique de l’époque, pour essayer d’improviser dans le style de celle-ci », transmet Michel Brun.
Disons-le, Jean-Sébastien Bach était un musicien comme pas d’autres, aussi compositeur, mais avant tout fervent pratiquant de l’improvisation. « Bach improvisait certaines des reprises de ses morceaux après les avoir joués une première fois », assure le musicien. C’est avéré, puisqu’il prenait la peine d’en noter certaines, découvertes en minorité car une grande partie ont été détruites par le temps. Ou, oubliées, égarées…

Michel Brun © Catherine Bertram
Une partition oubliée va renaître sur scène à Toulouse
Un tournant unique viendra clore l’événement : la reconstitution d’une partition oubliée de Jean-Sébastien Bach, jouée pour la première fois en public à Toulouse depuis sa création, hormis une fois sous l’égide de la personne qui l’a faite. Devrait-on peut-être même dire une partition tantôt perdue, puisqu’elle a été retrouvée à Saint-Pétersbourg. Son histoire est la suivante : « Bach avait écrit au moins 4 Passions, opéras sacrés, disons livrets, dont l’un avait été retrouvé après la Seconde Guerre mondiale en Russie, la Passion selon saint Marc », raconte Michel Brun. Après plusieurs recherches musicologiques, une reconstitution de cette œuvre a pu être menée à bien ; ainsi, elle pourra renaître à la Halle aux Grains, en clôture de ce festival le 8 juin. Une première.