Baya Kasmi nous a particulièrement séduits dans sa comédie Youssef Salem a du succès (2023). Aujourd’hui elle s’engage dans le drame social et réussit ce passage, porté par un casting sans faille.

Patience Munchenbach (Nuage), Louis Obry (Zéphyr), Félix Moati (Mikado) et Vimala Pons (Laetitia) – Crédit : Marine Danaux
Mikado et Laetitia sont des enfants de la DDASS. Ils ont grandi de foyer en foyer, avec plus ou moins de bonheur. Plutôt moins d’ailleurs. Ils se sont rencontrés et, l’amour aidant, ont fait deux enfants, Nuage et Zéphyr, qu’ils n’ont pas déclarés. Vivant dans un camping-car, ils vont de par les routes, de petits boulots en galères. Sur un trajet, ils dépannent Vincent, la batterie de sa voiture étant à plat. C’est le moment que choisit le van pour donner des signes évidents de faiblesse. Vincent les amène alors chez lui, dans sa magnifique demeure où il vit seul, depuis le décès de son épouse, avec sa fille Théa. C’est promis, il les héberge juste le temps de recevoir la pièce pour la réparation du camping-car. Ce quatuor un brin picaresque se trouve plongé dans un confort que tout le monde apprécie à l’exception de Mikado. Il sait que s’il baisse la garde, l’Administration va finir par les retrouver et ses enfants vont alors vivre le même enfer qu’eux.
Deuil impossible (Vincent et Théa), sévices ayant marqué au fer rouge l’enfance de Mikado, soif d’apprendre, de grandir, de s’intégrer (Nuage), les thèmes sont nombreux et habilement conjugués. Si le casting est dominé par l’émouvant Mikado de Félix Moati, grand enfant réfugié dans une utopie suicidaire, se soustraire à la violence du monde, il ne faudrait pas pour autant oublier l’éblouissante Laetitia de Vimala Pons, ni le Vincent de Ramzy Bedia, un acteur qui, de film en film, de genre en genre, s’affirme comme un comédien de grand talent, ici prodigieusement lumineux.