Philippe Vilain publie Mauvais élève aux éditions Robert Laffont. Une autofiction sincère et un regard lucide.
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Philippe Vilain © Astrid di Crollalanza
Longtemps, le narrateur pense être un « mauvais élève ». D’abord parce que ses professeurs lui disent, ensuite car il n’aime pas les livres. Affublé de stéréotypes, les choix de vie semblent minces voire même prédestinés. Sans ambition, ni désir, il se lance dans des études secondaires. Pour travailler dans les bureaux. Après tout, c’est assez honorable, rassure le père qui fait le même travail. Les années passent et le jeune homme étouffe dans ce carcan social répétitif. Alors comment se sauver de ce cercle vicieux ? Pour lui ce sera finalement par les livres. Lorsque les bons mots tombent entre ses mains et que les auteurs lui ouvrent un champ de réflexion et de possibles. Dès lors, il ne reste plus qu’à prendre la tangente et refuser l’ordre soi-disant établi.
Tracer sa route
Direction l’université de Lettres. Le narrateur doit rattraper le temps, lutter contre le décalage avec les autres étudiants. Mais la détermination et le travail seront les clés de son succès. Il étudiera sans relâche, il s’intéressera à tous les cours et il s’impliquera sans relâche. Exit le mauvais élève, celui à qui on ferme les portes de la réussite. Pourtant un sentiment d’imposture persiste, la peur de ne pas être à sa place. Car le narrateur nourrit un autre rêve, l’écriture. Entre les révisions, il remplit des carnets avec passion. Après la lecture, l’écriture devient obsessionnelle. Mais aussi un secret. Qui pour le comprendre, lui, le transfuge de classe ?
Hasard ou destin ? Le narrateur rencontre Annie Ernaux. La seule personne qui pourrait le comprendre. Celle qui est passé par les mêmes étapes, les mêmes rejets. Des lettres échangées, une rencontre au Flore, puis une idylle née entre eux. Il est étudiant, elle est une auteure reconnue. Quelle relation peut naître d’un tel déséquilibre ? Un amour passionnel ? Une relation maître-élève ? Une admiration mutuelle ?
Philippe Vilain dissèque minutieusement son apprentissage de la littérature ainsi que cette relation amoureuse qui va bouleverser sa jeunesse. Il raconte ses luttes intérieures avec naturel et conviction et ne cherche pas à régler les comptes avec un passé difficile ou un amour complexe. Au contraire, son parcours rappelle que le déterminisme n’est rien et que les rêves, même cabossés, peuvent trouver le chemin de la réalisation.
Philippe Vilain, Mauvais élève, Robert Laffont