Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Voyage en Italie de Roberto Rossellini
Sorti en 1954, le troisième film dans lequel Roberto Rossellini dirige Ingrid Bergman (après Stromboli et Europe 51), devenue son épouse suite à une liaison adultérine (chacun étant marié) qui défraya la chronique, devint l’incarnation, notamment pour Les Cahiers du Cinéma, de la modernité cinématographique. On y découvre Alexander et Katherine Joyce, un couple d’Anglais, de passage à Naples afin de régler la vente d’une somptueuse villa héritée d’un oncle et située non loin du Vésuve.
Après huit de mariage, ils vivent « comme deux étrangers » (dixit Katherine) et ont choisi de ne pas avoir d’enfants. Au fil de leur séjour, la tension monte entre eux, les scènes de jalousie se succèdent. Ils décident de se séparer quelques jours avant que leurs retrouvailles ne se soldent par de nouvelles disputes imposant l’évidence d’un divorce accepté de concert. Cependant, alors que leur voiture est immobilisée dans les rues de Naples par la procession en l’honneur de San Gennaro (le saint patron de la ville dont la liquéfaction du sang coagulé contenu dans deux ampoules est célébrée chaque année par les croyants), Alexander et Katherine ont une révélation : ils s’aiment toujours. Le miracle de la réconciliation s’est produit…
Profession de foi
Les thèmes du couple en crise et de l’incommunicabilité (qui vont devenir des clichés, en particulier chez Antonioni) sont ici passés au filtre de la foi chrétienne de Rossellini, figure de proue du néoréalisme. Si l’on retrouve d’ailleurs dans Voyage en Italie quelques accents néoréalistes, le film souffre d’un symbolisme assez lourd et d’un propos dont la simplicité est appuyée à grands traits.
On songe ainsi à la fameuse scène où les personnages assistent à l’exhumation par des archéologues d’un couple enlacé dans les vestiges de Pompéi comme aux séquences où Katherine visite le musée archéologique de Naples ou les ruines du temple Apollon. Catacombes, grottes, statues constituent le décor et les éléments du véritable « voyage » d’Alexander et Katherine vers la grâce. Ingrid Bergman et George Sanders apportent une aura de glamour hollywoodien à cette œuvre aussi lente que démonstrative. On peut préférer la première dans Casablanca de Michael Curtiz ou devant la caméra d’Hitchcock et le second dans Eve de Mankiewicz ou dans les films d’Albert Lewin.
https://www.youtube.com/watch?v=70csUAR0uM8
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