Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Grand Sommeil de Howard Hawks
Il s’agit sans doute du film noir le plus emblématique de l’âge d’or hollywoodien. Adapté du roman éponyme de Raymond Chandler (qui participa au scénario avec notamment un certain William Faulkner, excusez du peu…), Le Grand Sommeil, sorti en 1946, met en scène le détective Philip Marlowe chargé par le général Sternwood de protéger sa fille cadette Carmen, jeune femme aux mœurs dissolues, qui semble être victime d’un maître-chanteur. Au cours de l’enquête, le privé tombe sous le charme de la sœur aînée de Carmen, Vivian, tandis que les cadavres s’accumulent et que le mystère s’épaissit…
Passons immédiatement sur l’intrigue du Grand Sommeil dont la légende dit que même les scénaristes n’y ont rien compris. Le spectateur lambda ne se tirera pas mieux de cet imbroglio au regard duquel le pourtant tortueux Faucon maltais paraît d’une simplicité enfantine. La magie, la beauté et la permanence du film proviennent plus simplement du fabuleux couple filmé par Howard Hawks : Humphrey Bogart et Lauren Bacall.
Charisme et sensualité
Ils s’étaient donné la réplique une première fois, déjà devant la caméra de Hawks, dans Le Port de l’angoisse (durant le tournage duquel ils tombèrent amoureux), ils se retrouveront plus tard dans Les Passagers de la nuit de Delmer Daves et Key Largo de John Huston, mais Le Grand Sommeil reste le sommet de leur filmographie commune. Entre eux, les dialogues fusent comme des balles ou des rafales de mitraillette. Insolence, séduction, sous-entendus alimentent ces feux d’artifice. Le béret, le tailleur et la façon de fumer de Lauren Bacall sont devenus culte. La séquence où elle chante n’est pas non plus à négliger. Bogart promène sa nonchalance et sa virilité sans affectation avec un style que des générations d’acteurs copieront.
Magnifié par le noir et blanc de Sid Hickox, le tandem imprime son charisme et sa sensualité sur les rétines. Alors on oublie l’enquête incompréhensible pour savourer le jeu des deux stars. C’est aussi cela le cinéma : un homme et une femme qui occupent tout l’écran, pour toujours.
> LES FILMS QU’IL FAUT AVOIR VUS