Prodigieuses, un film de Frédéric et Valentin Potier
La maladie du papa (Frédéric) a failli mettre à mal le premier long métrage de ce rare duo père/fils de réalisateurs. L’envie chevillée au corps s’en est mêlée et voilà Prodigieuses sur nos écrans.
Inspiré de la véritable histoire des jumelles Audrey et Diane Pleynet, le scénario nous met dans les pas de deux jeunes filles dont le talent pianistique est indiscutable. D’ailleurs c’est dans un grand institut allemand qu’elles sont en train de se perfectionner sous la férule implacable du dénommé Lenhardt. En pleine ascension, les deux virtuoses sont rattrapées par une maladie orpheline qui handicape sérieusement leurs poignets. Tout abandonner ? Certainement pas, d’autant qu’elles sont portées à bras le corps par des parents qui ont tout sacrifié à leurs carrières. Claire et Jeanne, prénoms des jumelles dans le film, vont inventer une autre méthode pianistique en réécrivant les partitions pour quatre mains afin d’économiser leurs tendons et leurs muscles. Une belle histoire mettant en évidence la pugnacité, la volonté, le courage, la résilience et la passion. Mais ce film creuse aussi d’autres sillons, ceux éclairant autant l’égo surdimensionné de ces professeurs justes capables de créer des machines à concours et non pas des artistes, que la véritable hystérie de parents vouant leur vie à la réussite, quoi qu’il en coûte, de leurs enfants. Quitte à les bousculer sérieusement. C’est le cas aussi dans le sport, la danse, etc. Camille Razat (Claire) et Mélanie Robert (Jeanne) incarnent avec une incroyable virtuosité ces deux sœurs qui vont s’accrocher courageusement au radeau de leur survie artistique. Franck Dubosc et Isabelle Carré sont les terrifiants parents devant affronter le possible évanouissement d’un rêve projeté sur leur progéniture. Quant à August Wittgenstein (Lenhardt), il n’est certainement pas très loin de ces tyrans du clavier se voulant fabricants de génies, sortes de deus ex machina, et finalement simples techniciens. A méditer !