Repéré lors du dernier Festival de Cannes, « En fanfare », d’Emmanuel Courcol, avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin et Sarah Suco, est une histoire musicale et fraternelle promise au plus beau succès.
Avec un tel titre, pas question de rater son coup ! Et c’est ainsi qu’à Cannes, en mai dernier, « En fanfare » fit sensation même si le film d’Emmanuel Courcol était présenté hors compétition. Ce lancement enthousiasmant fut confirmé par les nombreuses avant-premières qui suivirent. Le long métrage, coproduit par Robert Guédiguian, a toutes les qualités requises pour séduire le plus large public sans pour autant verser dans la facilité : il est touchant – et même parfois bouleversant – quand il décrit les relations familiales ; emballant quand il porte en lui la fièvre de la pratique musicale et très précis sociologiquement. Le cinéma français aurait-il trouvé en Emmanuel Courcol, dont c’est le 3e long métrage, un parfait émule de Ken Loach ?
L’histoire démarre brutalement : un brillant chef d’orchestre (Benjamin Lavernhe, aussi convainquant baguette à la main que dans la robe de bure de l’abbé Pierre) est atteint de leucémie et doit subir une greffe de moelle. Sa jeune sœur pourrait être une donneuse idéale…sauf qu’il découvre à cette occasion qu’elle n’est pas sa sœur de sang et qu’il a été adopté tout petit. Autre surprise, il a un frère (Pierre Lottin, toujours parfait de colère rentrée, d’espoirs déçus), dont on ne lui avait jamais parlé, qui a été recueilli par une autre famille. Grâce à lui, la maladie va pouvoir s’éloigner…
A partir de là, « En fanfare » se déroule selon le schéma classique de deux êtres que tout éloigne et qui vont finir par pleinement se retrouver et unir leurs forces. Le chef d’orchestre appartient à un monde bourgeois et intellectuel très chic. Son frère travaille dans une cantine scolaire, toujours hébergé dans un petit pavillon par sa mère adoptive. Pourtant, la même passion les unis : la musique, car l’employé municipal fait partie d’une fanfare (nous y voilà !) créée en hommage aux mineurs. Passionné de jazz, le modeste tromboniste a l’oreille parfaite. Son aîné va l’aider à prendre en main un groupe hétéroclite de musiciens amateurs afin qu’ils participent à un concours d’harmonies. Le défi est de taille, y compris sur le plan social. Il en va de la fierté d’une petite ville du nord de la France qui voit sa dernière usine fermer. Sur un fond dramatique, « En fanfare » réussit à nous faire sourire juste après les larmes, à nous galvaniser quand menace la déprime. Après l’avoir vu, vous n’écouterez plus jamais de la même manière « Emmène-moi », d’Aznavour, et « Le boléro » de Ravel…
« En fanfare », d’Emmanuel Courcol, actuellement à l’affiche.