Le concert du 23 novembre prochain signe le retour à la tête de l’Orchestre national du Capitole de son Directeur musical, Tarmo Peltokoski. Le violoniste supersoliste de l’Orchestre, Kristi Gjezi sera le soliste de ce programme musical associant Piotr Illich Tchaïkovski, Alban Berg et Arnold Schönberg.
Après avoir ouvert la saison de son Orchestre avec un somptueux programme musical associant Wagner et Mahler, Tarmo Petokoski retrouve la Halle aux Grains et le public toulousain. Ce concert prévoyait la venue à Toulouse de la violoniste d’origine moldave, Patricia Kopatchinskaïa comme soliste du Concerto pour violon et orchestre n°1 de Dmitri Chostakovitch. En raison de problèmes de santé, Patricia Kopatchinskaïa a dû annuler sa venue. Le Concerto de Chostakovitch est remplacé par le Concerto pour violon en ré majeur de Piotr Ilitch Tchaïkovski. C’est donc à Kristi Gjezi, grand musicien très apprécié dans son rôle important de supersoliste de la phalange symphonique toulousaine, qu’est confiée la partie soliste de l’un des concertos les plus « populaires » au sens noble du terme.
Déclaré « impossible à jouer » par ses premiers exécutants, le Concerto pour violon de Tchaïkovski fit souffler la passion russe sur le style occidental. C’est en 1879, en Suisse, qu’un ami lui fit découvrir la Symphonie espagnole d’Edouard Lalo. Enthousiasmé, il décida d’écrire un Concerto pour violon qui sera créé par Adolf Brodsky à Vienne le 8 décembre 1881, sous la baguette de Hans Richter.
Le reste inchangé du programme initial associe deux grandes figures de la deuxième Ecole de Vienne, Alban Berg et Arnold Schönberg dont seront jouées deux œuvres de jeunesse, encore imprégnées du romantisme ambiant. La Sonate n°1 (originellement pour piano, mais proposée ici dans une orchestration du compositeur néerlandais Theo Verbey), d’Alban Berg, publiée en 1910, est sa seule œuvre pour piano du compositeur qui a reçu un numéro d’opus, en l’occurrence le n° 1.
Le concert s’achèvera avec La Nuit transfigurée op. 4 (Verklärte Nacht) d’Arnold Schönberg, initialement composée en 1899 pour sextuor à cordes (deux violons, deux altos, deux violoncelles). Cette pièce d’inspiration expressionniste a été ultérieurement arrangée pour orchestre à cordes par le musicien en 1916, publiée en 1917 par Universal-Edition, avec une nouvelle révision en 1943. La Nuit transfigurée est inspirée d’un poème extrait du recueil La Femme et le monde (Weib und Welt) de Richard Dehmel, un ami du musicien. Ce poème décrit la promenade nocturne d’un couple amoureux dont la femme avoue qu’elle attend un enfant d’un autre. Son amant lui assure alors qu’il est disposé à faire sien cet enfant. « Ils marchent heureux, sous la lune, dans cette nuit transfigurée… »
Rappelons qu’à la suite de ces premières œuvres, Arnold Schönberg et Alban Berg, ainsi que leur collègue contemporain Anton Webern, le troisième homme de la deuxième Ecole de Vienne, révolutionneront le langage musical, introduisant un style radicalement nouveau.
Le programme de ce concert du 23 novembre illustre, d’une certaine manière, une sorte de conclusion du romantisme musical.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Orchestre national du Capitole