Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
La Soif du mal d’Orson Welles
S’ouvrant par un prodigieux plan-séquence à la grue, censé être le plus long de l’histoire du cinéma, La Soif du mal marqua le retour d’Orson Welles à Hollywood et au sein des grands studios (en l’occurrence Universal) après dix ans d’exil européen ainsi que son retour au film de genre, en l’occurrence le film noir, qu’il avait déjà génialement investi avec La Dame de Shanghai. L’action se déroule dans une petite ville frontalière entre le Mexique et les Etats-Unis. Côté américain, une voiture explose. La bombe tue un homme d’affaires américain et sa maîtresse.
Mike Vargas (Charlton Heston), officier de police mexicain en voyages de noces avec son épouse (Janet Leigh), est invité à participer à l’enquête auprès de ses homologues américains dont Hank Quinlan (Orson Welles). Rapidement, les deux hommes vont s’opposer. Le premier, intègre et attaché au respect des lois, se heurte au second, corrompu et partisan de la force brute tandis que des gangs locaux et des intérêts croisés se mêlent à l’affaire.
Folie baroque
Plus que par son intrigue, La Soif du mal vaut évidemment pour la mise en scène de Welles et la folie baroque qui s’en dégage. Plongée et contre-plongées, noir et blanc sculpté par le grand chef-opérateur Russell Metty, interprétation shakespearienne de Welles dans la peau d’un « méchant » d’anthologie : le film dépasse les codes du banal polar pour offrir un ballet tragique dans des décors crépusculaires. Marlène Dietrich (brune !), en tenancière de boîte de nuit, fait deux apparitions d’anthologie. Janet Leigh se retrouve piégée par de vils malfrats. Manipulations, chantages et trahisons sont au cœur de l’action. Même le preux Vargas devra transiger avec ses principes.
Une fois de plus, le réalisateur de Citizen Kane verra son montage initial revu par les producteurs. Malgré cette reprise en main, le film ne perdit pas grand-chose de sa virtuosité, de sa noirceur et de sa force. Sorti en 1958, La Soif du mal devait signer le retour du génial cinéaste dans le système, ce fut son dernier film hollywoodien avant d’autres réussites comme Le Procès ou Falstaff.
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