Le 28 septembre, à 20h, à la Halle, c’est le retour de la symphonie préférée de Gustav Mahler, sa carte de visite auprès des orchestres, parmi les plus jouées alors. Tarmo Peltokoski l’a choisie pour sa première ouverture de saison avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse dont il est maintenant le Directeur musical.
Le concert débute par Prélude de Tristan et Isolde de Richard Wagner pour se poursuivre par la Symphonie n° 2 “Résurrection“ de Gustave Mahler. Dans celle-ci, les solistes sont la soprano finlandaise Silja Aalto, diplômée de l’Académie Sibelius, et la contralto allemande d’opéra et de concert Wiebke Lehmkuhl, wagnérienne accomplie. Côté chœur, Tarmo Peltokoski dirige le Chœur de l’Opéra national du Capitole placé sous l’autorité de leur Chef de chœur Gabriel Bourgoin, auquel se joint le Chœur de Radio France mené par leur Directeur musical Lionel Sow.
Prélude ou Vorspiel de Tristan et Isolde : Création le 10 juin 1865 à Munich au Théâtre de la Cour en présence du roi Louis II de Bavière. Hans von Bülow dirige. Durée : onze minutes. Concernant le compositeur, laissons la parole à Richard Strauss. Il vous dirait que Wagner a mis un point final divin à toute la musique romantique par l’accord le plus parfaitement orchestré de toute l’histoire de la musique, ce fameux accord de Tristan que d’aucuns considèrent comme les prémices du modernisme musical, plutôt “dissonant“ pour l’époque, geste sonore spectaculaire de ce début d’œuvre à la partition si extraordinaire.
Comme dans la plupart de ses partitions, Wagner utilise ici aussi le procédé du leitmotiv ou thème conducteur, les principaux étant d’ailleurs annoncés ici dès le Prélude, traçant par avance les grandes lignes du Drame. La mélodie est courte, caractéristique, le plus souvent harmonisée, attachée exclusivement à un personnage (Tristan, Isolde, Marke), à un objet (le philtre d’amour, ou de mort, la mer), à une émotion (colère, désir) ou à une notion abstraite (la solitude, la mort). Grand innovateur par l’utilisation qu’il en fait, Wagner le fait se plier avec une incroyable sensibilité de rythme et d’harmonie aux exigences du Drame. Il en épouse les fluctuations et suit avec souplesse les métamorphoses de l’Image qu’il personnifie.
Ainsi, dans les premières mesures, la fin du leitmotiv Le malheur de Tristan est-il noyé dans celui du Désir. Arrive le leitmotiv de Tristan auquel s’enchaîne celui du Regard de Tristan, regard qui, naguère, a éveillé la flamme dans le cœur d’Isolde alors qu’elle levait le glaive sur Tristan blessé, le meurtrier de son fiancé. Puis, ce seront les accords pour le Philtre d’Amour et le Philtre de Mort à l’opposition harmonique comme instrumentale frappante. Enfin, après un grand crescendo, ce sera celui de La Délivrance par la Mort. Quelques mesures sur onze minutes et tout est déjà conté !
L’orchestre peut enchaîner sur la fin de l’œuvre avec l’incomparable lamentation d’Isolde Mild und leise wie er lächelt.
La Deuxième Symphonie en ut mineur de Mahler : son voyage épique, de la mort à la vie post-mortem, œuvre dont il dira : « Ma Deuxième pourrait-elle cesser d’exister sans perte irréparable pour l’humanité ? » En tous les cas, avec « Auferstehungs-Symphonie », c’est parti pour environ quatre-vingt minutes de musique, et de chant.
Programme :
Allegro. Maestoso {Totenfeier}. Mit durchaus ernstem und Feierlich Ausdruck (D’un bout à l’autre avec une expression grave et solennelle)
Mahler : « Nous sommes devant le cercueil d’un être aimé et nous voilà confrontés à la grande question : pourquoi as-tu vécu ? pourquoi as-tu souffert ? Tout cela n’est-il qu’une terrible plaisanterie ? »
Andante moderato. Sehr gemächlich. Nie eilen (Très modéré. Ne jamais se presser)
Mahler : « Un moment heureux de la vie de ce cher disparu, et un souvenir nostalgique de sa jeunesse et de son innocence perdue. »
In ruhig fliessender Bewegung (Dans un mouvement tranquille et coulant)
Mahler : « Lorsque vous vous réveillez de ce rêve mélancolique et qu’il vous faut retourner à la vie chaotique, le monde vous apparaît à l’envers et insensé, comme dans un miroir concave. – Le Scherzo se termine avec le cri terrible de l’âme tourmentée. »
Urlicht (Lumière originelle.) Alto solo Sehr feierlich aber schlicht. Choralmässig (Très solennel mais modeste. Modéré à la manière d’un choral)
– attacca :
Finale : In Tempo des Scherzos. Wild herausfahrend – Allegro energico (Comme une violente explosion)
Mahler : « La fin de toute chose vivante est advenue, c’est bientôt l’heure du Jugement dernier. {…} Un chœur de saints et de créatures célestes murmure :“Ressusciter, oui, tu vas ressusciter !“Apparaît alors la splendeur divine ! Une lumière douce et merveilleuse nous pénètre jusqu’au cœur – tout est silencieux et serein ! – Et regarde : il n’y a pas de Jugement – pas de pêcheurs, pas de justes, pas de grands et pas de petits – il n’y a pas de châtiment et pas de récompense ! Un sentiment d’amour tout puissant nous illumine du bonheur de la connaissance et de l’existence. »
Langsam. Misterioso pour soprano, alto et chœur Die Auferstehung (textes de Klopstock)
Quatre-vingt minutes de, musique à programme ? Ou musique absolue ? le duel continue. Pourtant, plusieurs déclarations de Gustav Mahler lui-même ne laissent planer aucun doute sur le caractère autobiographique de bien de ses œuvres. La Deuxième symphonie, qui fait partie du cycle les « Symphonies Wunderhorn », a bien son programme que le compositeur a communiqué à différents destinataires par des entretiens et des lettres. Ainsi, celui de la symphonie qui nous occupe a été communiqué au moins dans trois versions, différentes par leur diction et par quelques détails mais qui conservent toutes les mêmes images, les mêmes représentations et les mêmes cheminements de pensée. On sait que plus tard, il les reniera.
Pour ceux que cela pourrait intéresser, sachez que « la dernière version », nous la trouvons jointe à une lettre du 15 décembre 1901 adressée à Alma Mahler, pardon Schlinder ! car pas encore l’épouse de,…Trop longue, elle ne vous sera pas offerte ici !!
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Orchestre national du Capitole