La grande mezzo suédoise n’a que faire des étiquettes. Contrariée dans son enfance de ne pouvoir se livrer à sa grande passion, la danse classique, elle n’est pas prête maintenant à se laisser corseter dans tel ou tel emploi à l’intérieur des frontières du monde du lyrique.
«On ne cesse de me dire que j’ai beaucoup de styles. Mais qu’est-ce que ça veut dire ? J’ai DU style, j’espère ; et ma voix, avec ses propriétés et ses facilités, et ses limites, aussi : et c’est cela que j’adapte de mon mieux au style et au contenu de la musique que j’ai à chanter.» Les points sur les « i » sont donc mis. Et inutile de discuter de la formule « cross over ». La mezzo vagabonde de Gluck à Elvis Costello et son album For the Stars, en passant par les mélodies de Cécile Chaminade, le français de la cantatrice est exemplaire, ou sa participation à l’album consacré aux musiques écrites dans le camp de Terezin, en hommage à son père, diplomate à Berlin. Son répertoire de récital est tout simplement vertigineux.
Mais les affinités de l’un peuvent rejoindre les affinités de l’autre. C’est ainsi qu’elle convainc l’américain Brad Meldhau de l’accompagner dans des mélodies de Ravel et des lieder de Sibelius, Grieg, Brahms, et aussi de lui composer sept love songs sur des poèmes de Sarah Teadsale (1884-1933). Amoureux du répertoire allemand romantique, ce grand pianiste est une figure incontournable de l’“impro“ jazzistique « cultivée », misant sur la complexité rythmique et polyphonique. Sa formation classique rigoureuse va lui permettre les improvisations les plus audacieuses sans déstabiliser un seul instant la chanteuse. Au menu, on trouvera encore des reprises de chansons, de Léo Ferré à John Lennon et Paul Mac Cartney en passant par Barbara, Brel,…
Michel Grialou
Lundi 24 mars – Théâtre du Capitole