Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Rivière sans retour d’Otto Preminger
Dans le western, il y a les grands maîtres du genre (John Ford, Howard Hawks, Anthony Mann…) et les cinéastes qui y ont fait de rares incursions tout en signant des chefs-d’œuvre à l’image ou de Nicholas Ray avec Johnny Guitare. Otto Preminger, spécialiste du film noir (Laura, Crime passionnel, Un si doux visage…), est de ceux-là et Rivière sans retour, son unique western, sorti en 1954, brille d’un éclat particulier. Tourné dans un cinémascope qui vient d’être lancé afin de contrer la concurrence de la télévision, le film s’empare d’emblée des somptueux paysages des Rocheuses de l’Ouest américain.
Un homme, Matt Calder, débarque dans un campement de chercheurs d’or qui s’est métamorphosé en une sorte de ville improvisée où l’alcool coule à flots. Dans le saloon de la bourgade, il récupère un enfant de neuf ans, Mark, orphelin de mère, auquel il apprend qu’il est son père. Le garçon, que la chanteuse du saloon, la belle Kay avait pris sous son aile, ce père retrouvé qui lui promet une paisible et honnête existence de fermier au cœur d’une vallée reculée non loin d’une rivière.
Quelques jours plus tard, Matt et Mark sauvent Kay et son fiancé Harry à la dérive sur un radeau de fortune. Décidé à prendre possession du titre de propriété d’une mine gagné au jeu, Harry menace son sauveur et lui vole son cheval ainsi que son fusil afin de se rendre dans la ville de Council City. Sous la menace d’Indiens, le trio improvisé formé par le père, le fils et la chanteuse s’embarque sur le radeau et va affronter les périlleuses rapides…
Marilyn for ever
Manière de récit initiatique, Rivière sans retour est d’abord l’histoire d’une survie et d’une renaissance autour d’une famille recomposée par les circonstances. Si sans surprise, un jeu de répulsion et de séduction se met en place entre le rugueux Calder et la frivole Kay, les apparences sont trompeuses. Attaché aux valeurs morales, Calder a commis dans le passé un crime et certaines pulsions sont toujours vivaces chez lui. Prompte à excuser les fautes de son amant, Kay se révèle plus fine et intègre qu’on ne le pense.
Rivière sans retour mêle les codes du western – un western atypique se déroulant essentiellement donc sur un radeau – à la comédie sentimentale et à la tragédie. En dépit du happy end, une noirceur profonde irrigue cette histoire où les fils perpétuent les crimes des pères. Cependant, ce que l’on retient d’abord du film d’Otto Preminger, c’est évidemment le génial tandem formé par Robert Mitchum et une Marilyn Monroe qui tient ici sinon son plus beau rôle, du moins le plus émouvant. Impossible non plus d’oublier les séquences où l’actrice chante. En quelques secondes, on comprend pourquoi plus de soixante ans après sa disparition, son aura demeure intacte.
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