Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Le Faucon maltais de John Huston
La filmographie de John Huston compte tellement d’immenses réussites devenues des classiques qu’il est difficile de choisir parmi Le Trésor de la Sierra Madre, Key Largo, Quand la ville dort, The African Queen, Moby Dick, The Misfits, Fat City ou L’Homme qui voulut être roi. Après avoir évoqué dans cette rubrique son ultime réalisation, le magnifique Gens de Dublin, voici donc son premier film sorti en 1941. Fidèle adaptation du roman éponyme de Dashiell Hammett, Le Faucon maltais marque une date dans l’histoire du film noir et pose avec Le Grand Sommeil d’Howard Hawks d’après Raymond Chandler les archétypes au grand écran du détective privé (interprété dans les deux films par Humphrey Bogart).
En l’occurrence voici Sam Spade qui avec son associé Miles Archer sont contactés à San Francisco par une jeune femme afin de suivre un certain Floyd Thursby qui menacerait sa sœur. La nuit suivante, Archer est assassiné ainsi que Thursby. La police soupçonne Spade tandis que celui-ci découvre que sa cliente a menti et que les meurtres sont liés à une mystérieuse statuette, représentant un faucon, également convoitée par des malfrats…
L’échec et les rêves
Si l’intrigue du Faucon maltais est aussi obscure que complexe, sa singularité réside dans son ambiance, ses dialogues au cordeau et ses comédiens. Certes, Mary Astor n’a pas le charisme des plus grandes femmes fatales du film noir, mais Sydney Greenstreet, Peter Lorre et Elisha Cook Jr constituent une fabuleuse brochette de « bad guys » autour d’un Bogart impérial qui devint une star avec sa composition de détective cynique, séducteur et intègre.
Derrière la caméra, John Huston ne minaude pas, se met au service des acteurs et des dialogues dans un quasi huis-clos où l’action et la résolution de l’énigme comptent finalement peu. La dernière réplique, tirée de Shakespeare, traduit déjà la morale désenchantée du cinéaste pour lequel toute aventure humaine est vouée à l’échec. Peu importe, seule compte l’étoffe dont les rêves sont faits…
> LES FILMS QU’IL FAUT AVOIR VUS