Quelques jours pas plus, un film de Julie Navarro
Le premier long de Julie Navarro est une bien belle surprise. Non seulement elle pointe douloureusement du doigt le calvaire des humanitaires, mais elle nous fait découvrir en plus un Benjamin Biolay plus convaincant que d’habitude. Tout en soulignant la tragédie des migrants.
Arthur est critique rock dans un quotidien à grand tirage. Un peu (beaucoup) border line, il entraîne une jeune femme un soir dans sa chambre d’hôtel et de fil en aiguille ravage littéralement cette dernière (la chambre) et même finit par passer le minibar par la fenêtre, celui-ci ne trouvant rien de mieux que de tomber sur une voiture. L’addition présentée au rédac’chef est des plus salées. Les explications vaseuses d’Arthur ne peuvent l’empêcher d’atterrir aux Informations Générales. C’est au cours de son premier reportage, sur l’évacuation d’un camp de migrants, qu’il est violemment agressé par un CRS et se retrouve à l’hôpital. Mais au passage il a capté le regard de Mathilde, une humanitaire à fort tempérament. Peu de temps après, lors d’une réunion concernant la distribution de repas, il la croise à nouveau. C’est justement le moment de trouver des logements d’urgence pour les migrants délogés. Sans trop savoir à quoi il s’expose et sur proposition de Mathilde, Arthur va accueillir Daoud, un réfugié afghan, chez lui. Commence alors une aventure humaine extraordinaire entre cet ex-critique musical, regard lourd, clope au bec et verre à la main en permanence, un peu revenu de tout, et ce jeune exilé qui cherche à tout prix à rejoindre sa famille à Londres. Au travers de ce scénario et de scènes d’une forte ampleur émotionnelle, Julie Navarro trace le portrait des humanitaires, de leur engagement sans limites, de leur abnégation, de leur courage aussi et de leur pugnacité face à une Administration sous haute dose de réglementation inhumaine. De ce côté-là le film est particulièrement efficace. Adapté d’un roman signé Marc Salbert et sournoisement intitulé : De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire, ce premier opus, même si le final s’enlise dans le romanesque, révèle un Benjamin Biolay (Arthur) toujours aussi lunaire mais ici parfaitement distribué et convaincant. Camille Cottin est l’éruptive Mathilde que l’on imagine. Quant à Daoud, c’est un réfugié afghan authentique, Amrullah Safi, cuisinier de métier. Il est formidablement émouvant et, évidemment, sidérant de justesse de ton. Sur le plateau se croisent comédiens professionnels, vrais bénévoles, travailleurs sociaux et des service civiques. Rien d’étonnant alors que ce film ressemble à un docu-fiction. A voir certainement pour appréhender au plus près l’engagement de tous ces hommes et femmes de l’ombre qui tentent de prendre en charge jour et nuit, contre vents et marées, les abandonnés de notre civilisation.