En direct de la Salle dorée du Musikverein de Vienne, et sous la direction du chef Franz Welser-Möst d’une raideur digne d’un manche de fourche, les musiciens de l’Orchestre Philharmonique de Vienne nous ont administrés l’un des plus soporifiques concerts du Nouvel An.
Les chaussures brillent, autant que les cuivres, les coupes de cheveux sont parfaites, les cols super amidonnés, les fleurs dégoulinent un peu partout telles les gerbes d’un corbillard, la moyenne d’âge du public n’a guère baissé et frise toujours allègrement les “70 balais“ pendant que, devant votre poste de télévision, l’ennui vous gagne, inexorablement. Et ce sont pourtant, valses, polkas, quadrilles qui sont interprétés et non musiques pour enterrement. Stupeur dans les rangs. Inutile de sortir le champagne. Vous l’avez compris, ce billet d’humeur n’est là que pour discuter d’ambiance et non pas des qualités propres d’une phalange orchestrale qui, on le sait, n’a plus rien à démontrer.
Pendant ce temps, à la Halle aux Grains, en toute simplicité et cordialité, les musiciens de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse sous la direction de leur chef Tugan Sokhiev se font un devoir de doubler le Concert du 1er janvier avec une première édition la veille, soit le 31 décembre. Tout ça, après un mois de décembre au Japon qui ne fut pas de tout repos, tremblements de terre ou plutôt, soubresauts ! compris. Le succès est total puisque les deux concerts affichent complet ou presque. Ici aussi, rien à démontrer non plus, mais, au moins, nous avons droit à de la musique en toute empathie, mais oui, avec un programme original, Camille Saint-Saëns et Richard Strauss étant conviés à partager le menu habituel des Strauss père et fils et frères, Waldteufel et autres. A Vienne, ce sont, anniversaire de naissance oblige, Verdi et Wagner qui font une timide apparition sans que pour autant, l’ensemble en soit un brin émoustillé, les deux morceaux choisis n’étant pas d’une folle gaieté.
A la Halle, cinq “encore“ avec l’incontournable Le Beau Danube bleu et bien sûr pour clore, comme à Vienne ! la fameuse Marche de Radetsky menée par un chef enjoué au charisme évident. Mais, si je puis me le permettre, il n’est pas désagréable, loin s’en faut, de quitter l’éternel masculin à 100% de l’orchestre viennois, et de se distraire avec, notre premier violon solo féminin, la bassoniste solo, ou la flûtiste solo ou la clarinettiste solo, ou d’avoir l’œil attiré par un second violon féminin qui “swingue“ sur sa chaise et ce, tout au long du concert. E. F. voudrait bien danser mais !!!
Il ne reste plus à la municipalité qu’à ouvrir une sorte de marché pour convier tous les fleuristes de la métropole à une sorte de challenge: mettre tout leur talent au service d’une décoration florale festive, pas nécessairement ruineuse, qui pourrait être du meilleur effet. Alors, adieu Vienne, vive Toulouse et son Concert du Nouvel An !!
Michel Grialou