Avec ce soleil rayonnant et ces températures trop douces pour un mois de Janvier, je pense au poème de Robert Desnos:
Joli rossignol et fleur de pommier,
Si la neige tombe au mois de Juillet,
Joli rossignol et fleur de pommier,
C’est que le soleil en Janvier brillait,
Joli rossignol et fleur de pommier.
Voici mes coups cœur de cet hiver hérissé d’épées de Damoclès.
ALBERI SONORI
Le samedi 3 février 2024 • 20h •
Le Kiwi, Place Jean-Jaurès 31520 Ramonville-Saint-Agne
05 61 73 00 48
Je vous recommande vivement de ne pas rater la nouvelle création du superbe groupe Alberi Sonori, qui après sa résidence en novembre 2023 au Kiwi, centre culturel de Ramonville Saint-Agne, revient y présenter sa nouvelle création. La matizia, dans le village maritime de Termoli en Italie, désigne le mauvais temps qui arrive soudainement. Ainsi se tisse la toile sonore qui s’ouvre vers un son contemporain de l’Italie du Sud empreint d’une transe à danser ou à écouter. Avec:
Cinzia Minotti: voix, tambours sur cadre de la méditerranée, petites percussions traditionnelles
Giuseppe Ponzo: guitare battente, lira calabraise, mandoline, guimbarde, flûtes traditionnelles en bois et PVC, orgue
Valeria Vitrano: voix, percussions
NB. Le port de Termoli est ouvert sur la mer Adriatique et il est l’un des principaux ports d’accès pour rejoindre les îles Tremiti. Artificiel et unique dans le Molise, c’est un port industriel, commercial, de pêche et de plaisance.
Les chemins de la création de Matizia
GIBRALTAR 12
www.gibraltar-revue.com
C’est hélas le dernier numéro et le dernier feu d’une belle aventure initiée en 2012 par Santiago Mendieta, journaliste de formation, spécialiste des Pyrénées et de son versant espagnol, il est devenu rédacteur en chef de cette magnifique revue; mais ce n’est pas une sinécure: l’excellence a ses limites, financières en particulier…
Gibraltar incarne une forme de résistance, la recherche de la beauté, même lorsque la marche du monde nous pousse à désespérer.
Sous-titrée Un pont entre deux mondes, qui me faisait penser à la belle chanson, Un Pont De Mar Blava Un pont de merelle bleue, de Lluis LLach, est comme celui-ci un phare pour les méditerranéens et les amoureux de la Méditerranée.
Espérons que cela ne sera qu’une pause.
Au sommaire, un dossier cinéma avec pour thème La Méditerranée comme miroir, de la Marseille de Guédiguian à la Beyrouth de l’immeuble Sémiramis en passant par la Catalogne de la République du Cap de Creus et la Naples de Francesco Rosi, une odyssée cinématographique.
Mais aussi les itinéraires retrouvés de déportés espagnols inconnus, la plupart résistants au nazisme, dont Enric Moner qui a inspiré le grand Javier Cercas pour son roman-vrai l’imposteur (Actes Sud 2015) à travers l’histoire du faussaire qui lui a volé son identité et sa vie, et enfin le figuier, le troisième arbre-symbole méditerranéen avec l’olivier et la vigne, dont personnellement les fruits (il faut dire les infrutescences) sont mes préférés.
De quoi voyager et rêver.
TABLE RONDE LES ESPAGNOLS DANS LA RESISTANCE FRANCAISE
le 08/02/2024
À l’Instituto Cervantes 31 rue des Chalets à Toulouse 05.61.62.80.72
toulouse.cervantes.es
nous est proposé une riche programmation ce trimestre, avec en particulier:
Table ronde: « Les espagnols dans la Résistance française »
Dans le cadre de l’exposition sur les sœurs Úriz Pi, l’Instituto Cervantes propose cette table-ronde sur le rôle des Espagnols dans la résistance française pendant la seconde Guerre Mondiale. Enric Moner, à l’honneur dans Gibraltar 12, en faisait partie.
Henri Farreny présentera à cette occasion son livre: Le sang des Espagnols – mourir à Paris. Entre août 1941 et août 1944, plusieurs centaines d’Espagnols ont résisté à Paris. Nombre d’entre eux ont été emprisonnés, déportés, tués. Leurs noms et leurs actes sont encore méconnus.
Diego Gaspar Celaya est spécialiste de l’exil espagnol en France après la Guerre Civile et en particulier de la participation des exilés dans la résistance française. Il a notamment publié l’ouvrage: La guerra continúa : voluntarios españoles al servicio de la Francia libre (1940-1945).
Sans oublier la remarquable exposition sur
LES SOEURS ÚRIZ PI
Une vie consacrée aux valeurs démocratiques universelles
jusqu’au 1er mars
En collaboration avec l’Instituto Navarro de Memoria*, l’Instituto Cervantes de Toulouse présente cette exposition consacrée aux sœurs Josefa et Elisa Úriz Pi, qui sont « probablement les femmes nées en Navarre qui ont eu la plus grande projection internationale du XXe siècle. Elles représentent un véritable exemple d’engagement social et de lutte pour les valeurs démocratiques universelles », au sein desquelles le féminisme occupe une place prépondérante.»
Nées à Badostáin et Tafalla, enseignantes, avant-gardistes, féministes et révolutionnaires, elles ont été poursuivies pour leurs idéaux et contraintes à l’exil, d’abord en France, puis en Allemagne, où elles ont continué leur combat pour l’égalité. En France, elles ont aidé d’autres réfugiés espagnols expulsés en raison de la guerre civile. Plus tard, lorsque l’invasion allemande a eu lieu, elles ont aidé à organiser la formation de la F.F.I. (Force intérieure française) contre l’occupation nazie. En 1951, en pleine guerre froide, elles ont été expulsées de France vers la République démocratique allemande. Elles ont consacré leur vie entière à la défense des droits des femmes et des enfants.
La création de la Journée internationale de l’enfant, proclamée par l’ONU en 1954, est une initiative d’Elisa. Josefa, quant à elle, a grandement contribué à l’introduction, il y a cent ans, des avancées pédagogiques européennes modernes dans le système éducatif espagnol, très rigide, ce qui explique qu’elle ait été persécutée avant et après la guerre civile.
Je ne suis pas étonné qu’elles aient attiré la vindicte de la hiérarchie catholique de l’époque qui les considérait comme des sorcières alors qu’elle bénissait les armes des franquistes… PS. Il est à noter que cette exposition a été produite sur les auspices de la Direction générale de la Paix, de la Coexistence et des Droits humains, un vaste programme dont nous pourrions nous inspirer…
SPIROU DANS LA TOURMENTE DE LA SHOAH
Au Musée de la Résistance et de la Déportation
http://musee-resistance.haute-garonne.fr
52 allées des Demoiselles 31400 Toulouse 05.34.33.17.40
N’oubliez pas jusqu’au 3 mars 2024
L’exposition « Spirou dans la tourmente de la Shoah »
dont je vous ai entretenu dans ma dernière chronique
NOUS IRONS PLEURER SUR VOS OMBRES
Goueli ma daoulagad
de Yann-Fañch Kemener
Un livre rare, bilingue, illustré de documents d’époque, édité par les Editions Yoran ambanner mais épuisé que vous devrez chercher sur internet, du regretté Yann Fañch Kemener (1957-2019)
Le chanteur disparu prématurément a consacré son dernier spectacle (qui malheureusement n’a pas été enregistré) à son grand-oncle Julien Joa, un de ces poilus destinés à la grande boucherie de 1914-18, qui se rebiffa, fut condamné comme un certain nombre de jeunes gens au bagne militaire, faute d’être fusillé pour l’exemple, mais qui mourut rapidement en Algérie où il avait été déporté. Une histoire édifiante longtemps occultée sur ce que Jacques Prévert décrivait ainsi sans fioriture poétique: « quelle connerie la guerre ». Antonio Machado, qui savait de quoi il parlait, a écrit: « N’oublions jamais que ce monde n’est pas viable si la force brutale au front de taureau est investie des pleins pouvoirs. »
Voici un souvenir vocal de Yann-Fañch:
LE DICTIONNAIRE AMOURAUX DES ECRIVAINS ET DE LA LITTERATURE
de Pierre Assouline
dans la collection de poche L’ABEILLE-PLON
pour la modique somme de 15€
Très agréable à lire, avec des entrées faciles par ordre alphabétique, c’est un ouvrage érudit et savoureux qu’on peut ouvrir et refermer avant de le reprendre sans souci de continuité. L’auteur, qui ne prétend nullement être exhaustif, a bien sûr ses têtes, y compris « de turc », mais on ne lui en tient pas rigueur tant c’est écrit avec une érudition remarquable et une belle verve, et j’ai noté beaucoup de citations dont je ferai mon miel. Même si les choix ne l’auteur ne prétendent pas à l’exhaustivité (impossible), je regrette néanmoins qu’il n’y ait que 8 femmes sur 900 pages: ni Georges Sand, ni Colette, ni Marguerite Yourcenar…
Voilà mes coups de cœur pour cet hiver en demi-teinte, en attendant le printemps, à tous points de vue…
Et je me souviens en conclusion de Guillaume Apollinaire écrivant à Nîmes le 17 janvier 1915:
(…) Ils crient vers le printemps de paix qui va venir
Entends le cri des hommes
Mais mon cri va vers toi mon Lou
Tu es ma paix et mon printemps