Une Affaire d’honneur un film de Vincent Pérez
Un duel qui se transforme en assassinat, une jeune femme très en avance sur son temps, un maître d’armes aspiré par la spirale de la vengeance, voici la trilogie du dernier opus de Vincent Pérez, un film intimiste ployant sous la charge émotionnelle de Roschdy Zem.
Paris 1887. Les affaires d’honneur ne se règlent que dans la clandestinité d’un duel au pistolet, au sabre ou au fleuret. Clandestinité car ces affrontements souvent mortels sont interdits par la loi. En liminaire nous croisons le jeune Adrien (Noham Edje parfait), à l’évidence amoureux d’une belle demoiselle, et c’est réciproque. Problème celle-ci est désirée par Louis Bergère, une vieille baderne multi étoilée ayant survécu au désastre de 1870. Surpris en flagrant « délit », Adrien provoque le général en duel. N’ayant que peu de connaissance des armes, il se tourne vers son oncle, Clément Lacaze, célèbre maître d’armes. Il a peu de temps mais assez cependant pour affronter dignement l’officier. Le combat, qui devait s’arrêter au premier sang, tourne finalement au massacre sous les yeux impuissants de Clément. Adrien ne survivra pas. Peu de temps après, Clément est abordé par une féministe endiablée (il fallait l’être à cette époque reculée de la civilisation française) : Marie-Rose Astier de Valsayre, authentique journaliste et musicienne. N’ayant pas spécialement froid aux yeux, celle qui demande l’abrogation de la loi interdisant aux femmes de porter les pantalons (loi qui sera supprimée en… 2013 !!!) ne supporte plus le machisme ambiant et décide de demander réparation pour ses faits et gestes à un individu plutôt bas du plafond. Clément décide de la former à l’escrime.
Un film de cape et d’épée ? Certainement pas mais plutôt un vrai docufiction passionnant et formidablement documenté sur les règles du duel. Clément n’est autre que Roschdy Zem, ici en ancien soldat traumatisé par les horreurs de la guerre. Il est monumental, granitique et terriblement émouvant. A ses côtés des pointures telles que Guillaume Gallienne ou Vincent Pérez lui-même dans le rôle de Louis Bergère. Tout irait bien s’il n’y avait un trou dans la raquette. Il s’appelle Doria Tillier. C’est elle qui essaie de donner, en vain, un brin d’épaisseur au personnage de Marie-Rose. Pour sa défense, l’on peut se demander si courir après l’action, véritable, de cette jeune féministe et la psychologie mortifère des duels n’était pas trop ambitieux. Cela dit, entre les protocoles de ces combats et le portrait d’une France épouvantablement misogyne et à bout de souffle de cette fin de siècle, il y a déjà de quoi passer un bon moment.