Le 15 janvier prochain, pour ce premier concert 2024 de la saison des Clefs de Saint-Pierre, les musiciens se mettent en trois. Deux trios de musique française sont inscrits au programme. La célébration du centenaire de la disparition de Gabriel Fauré constitue un beau prétexte à visiter sa musique de chambre et en particulier son Trio avec piano en ré mineur. La même formation offrira une exécution du Trio avec piano en sol mineur d’Ernest Chausson, compositeur trop rarement inscrit aux programmes des concerts.
On ne peut que se réjouir du succès remporté par la série des Clefs de Saint-Pierre, née en 2000, qui illustre brillamment le désir des musiciens de l’Orchestre national du Capitole de s’investir dans la pratique de la musique de chambre. Le programme de cette soirée du 15 janvier rapproche en miroir deux œuvres de maîtres français de la mélodie qui ont marqué des générations de musiciens.
Le Trio avec piano en ré mineur de Gabriel Fauré (1845-1924) est l’une des dernières œuvres de musique de chambre du compositeur appaméen qui venait de prendre en 1920 sa retraite comme directeur du Conservatoire de Paris. C’est son éditeur Jacques Durand qui lui a suggéré, en janvier de cette même année, la composition d’un trio pour piano, violon et violoncelle. La première exécution de la partition, donnée par trois jeunes élèves récemment diplômés, a eu lieu le 12 mai 1923. La presse salua « une belle œuvre qui enrichit le répertoire de musique de chambre » et souligna « la clarté élégante, l’équilibre de la pensée et la sérénité. » Fauré, malade, n’a pas pu assister à cette première. Il a par contre été présent l’année suivant lors de son interprétation par le célèbre Trio Cortot-Thibaud-Casals.
La deuxième œuvre inscrite au programme de ce concert du 12 janvier, le Trio pour piano, violon et violoncelle en sol mineur d’Ernest Chausson (1855–1899) a été composé en 1881 et créé le 8 avril 1882 à la Société nationale de musique avec André Messager au piano, Guillaume Rémy au violon, Jules Delsart au violoncelle. Après des études de droit poursuivies sans entrain, Chausson délaisse le Barreau pour le Conservatoire et pour enfin se consacrer à sa passion. Ce trio constitue sa première composition d’envergure, mais aussi un exutoire après son échec au prix de Rome et la possibilité d’exercer une résidence artistique à la Villa Médicis. Bien que novice, le jeune compositeur français démontre tout le long des quatre mouvements un sens de l’architecture déjà assez développé ainsi qu’une certaine audace. En particulier, le deuxième mouvement, intitulé Vite, rappelle presque, par sa légèreté, les scherzos de Mendelssohn.
Les trois interprètes de ces deux œuvres sont bien connus des habitués des concerts donnés à la Halle aux Grains par l’Orchestre national du Capitole : Alexandre Dalbigot, violon, Benoît Chapeaux, violoncelle, Inessa Lecourt, piano.
Ce troisième concert de la saison des Clefs de Saint-Pierre promet un beau voisinage d’œuvres proches et rares.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse