Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Les Dents de la mer de Steven Spielberg
A l’instar de Rosemary’s Baby (1967) de Roman Polanski ou de L’Exorciste (1973) de William Friedkin, Les Dents de la mer (1975) a érigé le film d’horreur au rang de spectacle « mainstream » à l’heure du « Nouvel Hollywood ». C’est d’ailleurs de cette mouvance de jeunes réalisateurs (Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Brian De Palma, William Friedkin, George Lucas…) que Spielberg vient même si le succès inattendu au box-office du film (l’un des plus grands de l’histoire du cinéma) va l’orienter vers des productions destinées d’abord au grand public (de la même façon que son ami Lucas après La Guerre étoiles) qui signeront d’ailleurs la mort de ce Nouvel Hollywood aux ambitions plus « artistiques ».
Quand il se lance dans ce projet, Spielberg est un jeune cinéaste prometteur, passé par la télévision (on lui doit notamment un épisode de Columbo). Son téléfilm Duel (1971) a bénéficié d’une sortie en salles dans une version allongée et son premier long-métrage, Sugarland Express (1974), malgré un échec commercial, a attiré l’attention des studios, mais c’est un requin qui va faire basculer Spielberg dans une autre dimension.
Sueurs froides
Le scénario est aussi efficace que simplissime. Une station balnéaire de la côte Est des Etats-Unis est la proie d’un grand requin blanc attaquant les baigneurs. Face au danger, les autorités locales – d’abord rétives – doivent se résigner à lancer un équipage à la poursuite du monstre. Le chef de la police locale (qui a peur de l’eau), un biologiste marin et un loup de mer chasseur de requins vont unir leurs forces et leurs caractères (évidemment antagonistes). En bon cinéphile, Spielberg a retenu quelques leçons d’Hitchcock qu’il va appliquer habilement : instaurer l’angoisse dans un décor rassurant et familier, retarder l’apparition de la menace, donner au spectateur le sentiment qu’il a un ou deux coups d’avance sur les personnages pour mieux le surprendre, utiliser la musique comme un moteur du suspense. Autre référence au maître : le zoom avant / travelling arrière sur le visage du shérif Brody fut rendu célèbre par Sueurs froides.
Spielberg et les producteurs avaient aussi compris qu’ils n’avaient pas besoin de grosses vedettes car la véritable star du film – plus que Roy Scheider, Richard Dreyfuss et Robert Shaw – devait être le requin. Mission accomplie puisque de la terrifiante bestiole à la musique de John Williams en passant par la réplique « We’re gonna need a bigger boat », tout ou presque est devenu culte dans Les Dents de la mer. Le film a suscité trois suites (dispensables), des copies, des parodies… Comment appelle-t-on cela ? Un classique.
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