Qui mieux que l’artiste lyrique peut se moquer de lui-même et railler le répertoire ?
Respectant scrupuleusement le graduel, la messe baroque est chantée en disco, tandis que le Curé de Camaret a les honneurs du latin et du plain-chant. Figaro s’essouffle dans les croches de Largo al factotum et Nemorino se bat avec la justesse et le rythme de sa furtiva lagrima. La « grande saga Fatalità Fatalità » épingle l’opéra russe, Wagner, Verdi, Carmen. Siegfried porte l’épée dans son attaché-case, Aïda n’en finit pas de mourir à cause d’un fazzoletto et d’histoires de famille inextricables, Escamillo veut rendre son toaster. Le tout ponctué d’entrées intempestives du Commandeur Dark Vador interpellant un Don Giovanni perpétuellement absent. Le trait de la caricature est parfois épais – trop longue ovation de la diva couverte de trop de fleurs qui va chanter une trop lacrymale Mort de Didon – mais toujours juste et jamais grossier.
La précision millimétrique des arrangements musicaux de Stéphane Delincak, la densité des allusions, la parfaite interprétation au chant de Stéphanie Barreau, Omar Benallal et Benoît Duc font des spectacles d’Acide Lyrique des moments d’intense récréation pour le mélomane averti.
Une chronique de Una Furtiva Lagrima.