Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Vol au-dessus d’un nid de coucou de Milos Forman
Deuxième film américain de Milos Forman, Vol au-dessus d’un nid de coucou marqua la consécration hollywoodienne du metteur en scène figure de la Nouvelle Vague tchécoslovaque contraint à l’exil après la répression du Printemps de Prague et l’invasion soviétique. Auréolée de cinq Oscars en 1976 (dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur), l’adaptation du roman de Ken Kesey – se déroulant dans un asile psychiatrique américain – peut se voir évidemment comme une allégorie du système communiste (où des dissidents étaient placés en hôpitaux psychiatriques), mais le propos du film embrasse un élan libertaire plus vaste, en phase avec son époque, et que Forman développera dans ses œuvres suivantes comme il l’avait fait auparavant dans les films tournés en Tchécoslovaquie.
Un délinquant, McMurphy, coupable de viol sur mineure de quinze ans, est interné provisoirement dans un asile de l’Oregon afin d’évaluer si son état est compatible avec une détention en prison. Entouré de patients souffrant de maladies mentales plus ou moins graves, le simulateur se heurte vite à l’autorité et aux règles strictes fixées par l’infirmière en chef Ratched. Insolent, manipulateur, rebelle, il va entraîner les autres pensionnaires dans sa fronde jusqu’à ce que l’institution reprenne la situation en main de la façon la plus radicale.
Nicholson au sommet de son art
Mêlant comédiens professionnels, amateurs ainsi que véritables patients, Vol au-dessus d’un nid de coucou bénéficie d’une interprétation de haut vol au sein de laquelle on reconnaît des acteurs promis à une grande carrière (Brad Dourif, Danny DeVito, Christopher Lloyd). Face à Louise Fletcher, inoubliable en infirmière despote (Oscar de la meilleure actrice), se dresse un Jack Nicholson au sommet de sa gloire et de son art. Ayant débuté auprès de Roger Corman et de Monte Hellman, révélé par son second rôle dans Easy Rider, l’acteur enchaîne les rôles marquants sous la direction de Bob Rafelson, Mike Nichols, Hal Ashby (prix d’interprétation masculine à Cannes en 1974 pour La Dernière Corvée) avant d’être dirigé par Roman Polanski (Chinatown) et Michelangelo Antonioni (Profession : Reporter).
Le rôle de McMurphy lui vaut son premier Oscar et si d’autres compositions marquantes suivront (celle bien sûr de Jack Torrance dans Shining de Kubrick sans oublier la fidèle collaboration avec James L. Brooks avec deux nouveaux Oscars – meilleur second rôle, meilleur acteur – à la clé), le Nicholson de Vol au-dessus d’un nid de coucou épouse par son énergie, son charisme, son équilibre entre comédie et drame, l’exceptionnelle vitalité créatrice du cinéma américain des années 1970.
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