Un film d’animation des studios Ghibli.
Dans la banlieue de Tokyo, à la campagne, le jeune garçon Sho vient se reposer avant de subir une importante opération au coeur. Divers objets et nourritures disparaissent régulièrement, chapardés par Arrietty et son père, des petits êtres vivant sous la maison.
Fait suffisamment rare pour être souligné, voici un film réalisé par un jeune metteur en scène de la maison Ghibli (36 ans seulement), et donc dirigé ni par Miyazaki ni par Takahata. Certes, il n’est pas le premier (il y a avait déjà « Le royaume des chats » ou « Les contes de Terremer »), et il faudra de plus en plus nous y habituer, les deux co-fondateurs du studio prenant de l’âge. Nous retrouvons bien sûr la patte Miyazaki, au niveau du character design et de l’empreinte écolo-campagnarde. Le réalisateur de « Mon voisin Totoro » a lui-même développé le scénario et nourrissait l’envie d’adapter le livre pour jeune public « The borrowers »de Mary Norton depuis 40 ans.
« Arrietty » est un sympathique petit film faisant passer un très agréable moment. La mise en scène, sur une narration générale assez lente, s’attarde sur des détails apportant une substance au monde des chapardeurs : l’expédition nocturne d’Arrietty et son père pour voler un morceau de sucre est un très beau moment d’animation et constitue le meilleur passage du métrage. Le sens du détail, le dosage du rythme, la gestion de la tension et du danger, le mélange de peur et d’excitation de la jeune chapardeuse, nous amènent à la rencontre fatidique, sonnant comme le gong de la pendule de grand-mère, entre Arrietty et Sho. C’est indéniable, le film a des qualités et une gestion du postulat de base toute en douceur (pas d’effet grandiloquent, Sho aperçoit Arrietty et reconnaît son existence de manière naturelle).
La relation d’amitié entre Sho et Arrietty, faite de crainte puis d’entraide, est basée sur un rapport de force inversé : Arrietty est aventureuse et pleine de vie, tandis que le grand Sho a le coeur malade, et se trouve être le plus vulnérable des deux. Ce rapport d’attraction/prudence, où chacun croit bien faire mais provoque malgré lui des catastrophes, va se trouver bouleversé par l’arrivée de Spiler, qui va bouger les repères installés depuis le début du film, et précipiter la suite des évènements.
Même s’il contient de bons moments, le film ne dépasse jamais le stade du métrage « gentillet », par manque d’ampleur. Les personnages, même les négatifs, ont quand même un bon fond et font aussi rire, mais la mayonnaise prend de moins en moins. Un air de déjà-vu, une magie trop téléphonée, des personnages en rappelant d’autres, Ghibli s’enlise et n’a plus véritablement livré de grands films depuis « Le voyage de Chihiro ». 10 ans déjà.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com