Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Loulou de Georg-Wilhelm Pabst
Loulou, c’est évidemment Louise Brooks, l’actrice indissociable du film qui a créé l’iconique image d’une « flapper » (garçonne) dont la coiffure, une sorte de casque de cheveux noirs, deviendra une mode internationale. Le film de Georg-Wilhelm Pabst, marque avant cela la rencontre entre le grand cinéaste autrichien et l’actrice américaine qui auparavant, de Londres à Broadway en passant par Paris, a mené une carrière de danseuse dans les rugissantes années 1920. Sorti en 1929, Loulou, tourné à Berlin, met en scène l’une des héroïnes les plus marquantes de l’histoire du cinéma. Une femme libre, totalement libre, en particulier dans ses amours, qui la voient passer d’un homme à l’autre, dont un père et un fils, ou encore entretenir en même temps ses liaisons sentimentales…
Sans surprise, un drame survient. Loulou s’échappe en compagnie d’un trio d’amants. La petite bande se retrouve sur un paquebot plutôt mal famé. Une comtesse tombe amoureuse de l’incandescente brune (« Je suis une blonde aux cheveux noirs », disait Louise Brooks), mais ne peut se dégager de l’emprise de l’un des complices de Loulou. Tout cela finira tragiquement dans les ruelles sombres de Londres où, séduisant un passant, la jeune femme croise celui que l’Histoire nommera Jack l’Eventreur…
Femme fatale
Près d’un siècle après sa réalisation, Loulou n’a rien perdu de son audace dans la représentation de la sexualité d’une femme fatale qui est surtout une femme perdue. Au gré d’un ballet amoureux et funèbre, elle use de ses charmes et d’une liberté qui se transforme en prison. Outre son physique et son allure à la beauté intemporelle, Louise Brooks impressionne par son jeu très moderne à mille lieux des conventions souvent forcées du cinéma muet, par son naturel, son innocence et sa sensualité, sa joie et sa légèreté tempérées par les coups du destin.
Quels que soient les milieux sociaux qu’il filme (bourgeoisie décadente, petits malfrats, demi-soldes mondains…), Pabst plonge ses créatures dans des climats tour à tour réalistes et expressionnistes. Le scénario jonglant avec les invraisemblances est transcendé par la présence magnétique de Louise Brooks. Grâce à Loulou, elle connaîtra la gloire avant de traverser une période de vaches maigres et de bénéficier d’une reconnaissance cinéphilique dans les années 1950.
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