Oppenheimer, un film de Christopher Nolan
Il y a des biopics que l’on va voir le cœur en fête comme celui de Freddy Mercury ou d’Elvis Presley. Celui concernant Oppenheimer est d’une autre envergure puisqu’il évoque le père de la bombe atomique. Et pourtant, devant la caméra de Christopher Nolan, c’est tout un pan de notre Histoire qui nous est révélé. Passionnant ! Pour le moins.
Le dernier opus de cet incontestable surdoué du 7 e art qui nous délivre, à pas comptés certes, mais quand même, des films qui marquent d’entrée de projection l’Histoire du cinéma, est un biopic fascinant de Robert Oppenheimer (1904-1967). Il fait partie de ces hommes qui fréquentent des matières quasi inabordables pour le commun des mortels : mécanique quantique, physique des particules, physique nucléaire. C’est à ce titre qu’il est choisi par le général Groves (1896-1970) comme directeur scientifique du Projet Manhattan et donc de la direction du centre de Los Alamos au Nouveau-Mexique. Le but est de créer une bombe atomique. Nous sommes en 1942 et les USA sont persuadés que l’Allemagne nazie est en train de finaliser la première arme nucléaire. Nous connaissons la suite…
Le film du réalisateur britannique se veut autant didactique (biopic oblige) que spectaculaire et, éventuellement, divertissant. Sur ce dernier point, le but est inatteignable vu le sujet. Par contre, impossible de nier le sérieux du scénario, parfaitement documenté. Sa structure sous forme de flash- back n’aide pas trop à la linéarité du propos mais permet de suivre les acteurs de l’aventure nucléaire américaine au plus près de leurs objectifs et parfois de leurs atermoiements. C’est clairement tout un pan stratégique de l’Histoire du XXe siècle qui est ici porté à l’écran. Avec ses compromis politiques et ses luttes scientifiques. Spectaculaire bien sûr. Comment nier le stress qui vous envahit lors de l’explosion de la première bombe en plein désert. Sur une musique de Ludwig Göransson flirtant sérieusement avec celle de la Seconde école de Vienne, c’est un moment de cinéma que l’on n’oubliera jamais.
Une pléiade de stars s’est donnée rendez-vous sur cette production. Si l’on croise Matt Damon (Général Groves), Robert Downey Jr (attention méconnaissable en Lewis Strauss, le ferme opposant à Oppenheimer en terme d’utilisation de l’arme nucléaire), Rami Malek et bien d’autres tous aussi prestigieux, c’est bien sûr l’acteur irlandais Cillian Murphy qui, dans le rôle-titre, mobilise toute l’attention par la somptueuse et glaciale incarnation qu’il donne du savant en proie aux mille doutes que l’on imagine… à peine.
Une leçon de cinéma, encore une ! Mais ici surtout une leçon d’Histoire !