Asteroid City un film de Wes Anderson
Bien sûr que nous adorons ce cinéaste américain. Comment pourrait-il en être autrement du réalisateur de Moonrise Kingdom (2012), The Grand Budapest Hôtel (2014), L’Île aux chiens (2018) et The French Dispatch (2021). Même si, à l’évidence, les deux dernières cités nous interrogeaient…
Fidèle à son esthétique, son dernier opus est un fulgurant exercice de style, tant en terme de couleurs, que de pointillisme dans le décor, que de recherche dans les costumes et les accessoires, ici années 50 aux USA. Les sujets abordés dans Asteroid City sont nombreux (trop ?). Il est question de création théâtrale, de deuil, de solitude, d’isolement. Dans cette ville imaginaire, en plein désert, qui tire sa gloire d’un cratère au fond duquel se trouve une météorite tombée là il y a plusieurs milliers d’années, quelques spécimens de la mythologie américaine vont prendre corps : stars, gangsters, cow boys, policiers, militaires, etc. Comme à son habitude, Wes Anderson a rassemblé le ban et son arrière d’Hollywood : Jason Schwartzman, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Tilda Swinton, Edward Norton, Adrien Brody, Steve Carell et bien d’autres. Sur une BO magnifique d’Alexandre Desplat, tout ce petit monde va jouer ce théâtre de marionnette cher au réalisateur, ciselant des dialogues qui le sont tout autant. Et pourtant, soit parce que nous voyons quelque chose qui ne nous apporte plus aucune surprise, soit parce que le propos ici tenu est par trop abscons, l’ennui pointe le bout du nez. La magie n’opère plus. De nombreux plans semblent tout droit sortis d’une planche de lego, les personnages étant d’une immobilité désarmante. Nous sommes ici proche de la désincarnation. L’émotion ne passe plus. L’exercice toucherait-il à ses limites ? L’originalité est une chose, qu’il convient de saluer d’ailleurs, mais sa répétition, antinomique par définition, la transforme en figure finalement académique.