Du 20 juillet au 6 août, Jazz in Marciac offre, à son habitude, une programmation aussi copieuse qu’éclectique. Au-delà de têtes d’affiche comme Brad Meldhau, Norah Jones, Ben Harper ou Gregory Porter, le festival propose quelques détours par le Brésil, les Balkans, l’Afrique ou l’Orient. Tour d’horizon non-exhaustif.
Entre invités récurrents et nouveaux venus, fidélité au jazz et ouverture à des horizons lointains : le festival gersois concocte chaque année une programmation susceptible d’attirer des publics très variés. La preuve une nouvelle fois avec l’édition 2023 qui s’ouvrira le 20 juillet avec MC Solaar épaulé par le New Big Band Project qui, sous la direction d’Issam Krimi, donnera une couleur jazzy aux tubes de l’une des figures du hip-hop français. Plus attendus sous le chapiteau de Marciac, des stars du piano seront au rendez-vous à l’instar de Brad Meldhau (en solo) le 27 juillet tandis que la veille deux autres légendes du jazz – Abdullah Ibrahim et Kenny Barron – se seront produites en trio.
Guitare : de Pat Metheny à Cory Wong
Côté guitare, cela fait près d’un demi-siècle que Pat Metheny brille de mille feux à la tête de son groupe fondé avec Lyle Mays ou en compagnie de prestigieux musiciens (Herbie Hancock, Jack DeJohnette, Gary Burton, Charlie Haden, Brad Meldhau…). Jazz-rock, fusion, world music (avec un fort penchant pour la musique brésilienne), be-bop, free, folk, pop : l’artiste s’est illustré dans de nombreux genres sans se départir de son style reconnaissable en mille. Le 21 juillet, il sera accompagné par le pianiste Chris Fishman et le batteur Joe Dyson à travers le projet « Side-Eye » visant à mettre en valeurs de jeunes talents auprès du maître de la guitare.
Autre guitariste, moins connu que Metheny mais qui gagne à l’être : Cory Wong. On pourra voir et entendre l’Américain le 25 juillet entouré de huit musiciens pour un cocktail musical fortement teinté de funk. Dans la déjà riche discographie de l’artiste de trente-huit ans, son dernier album studio, Power Station (avec la collaboration de Larry Carlton, Victor Wooten ou Chromeo) est une parfaite introduction à sa musique.
Les voix de Suzanne Vega, Norah Jones, Gregory Porter et Ben Harper
Les voix féminines sont également à l’honneur du JIM 2023. Personne n’a oublié le tube Luka de Suzanne Vega et l’Américaine se produira pour la première fois à Marciac le 28 juillet. Adoubée par Prince à ses débuts, Selah Sue continue de belle manière sa carrière comme en témoigne son récent album Persona qui sera au cœur de son concert du 29 juillet. Révélée dès le succès planétaire de son premier album, Come Away With Me en 2002, Norah Jones sera l’un des événements du festival le 24 juillet avec son mélange de folk et de jazz porté par sa voix suave. Dans un registre voisin mais plus soul, il ne faudra pas négliger ce même 24 juillet la performance de Lizz Wright dont la présence sur scène compensera, le temps d’une soirée, la trop grande rareté de ses disques. On pouvait entendre Lizz Wright sur l’album Still Rising de Gregory Porter et le crooner sera à nouveau à l’affiche de Marciac le 2 août alors que le 28 juillet Ben Harper retrouvera son groupe The Innocent Criminals pour l’un des concerts attendus de l’édition 2023.
Groupe emblématique du jazz fusion français, Sixun, créé en 1984, poursuit toujours sa route et le combo de Louis Winsberg, Jean-Pierre Como ou Paco Sery sera sur scène le 23 juillet. De l’autre côté de l’Atlantique, Tower of Power compte pour sa part plus de cinquante ans d’activité et sa section de cuivres (qui a joué avec nombre de stars) devrait plonger le public dans un bain brûlant de soul quand les amateurs de blues ne rateront pas la soirée du 22 juillet avec Popa Chubby et Joe Bonamassa.
De Fatoumata Diawara à Goran Bregović en passant par Gilberto Gil
Jazz in Marciac a depuis longtemps repoussé les frontières musicales et ouvert sa programmation aux horizons lointains. Le 30 juillet, la Malienne Fatoumata Diawara fera honneur notamment à son remarquable récent album London Ko (auquel ont collaboré Damon Albarn et Angie Stone) et le 5 août Femi Kuti & The Positive Force délivreront leur afrobeat dont Fela, le père de Femi, fut le créateur. Autre affaire de famille : Gilberto Gil qui se produit depuis ces dernières années avec quelques-uns de ses enfants et petits-enfants. L’icône de la musique populaire brésilienne, âgée de 82 ans, sera à Marciac le 4 août et cette tournée, annoncée comme sa dernière par l’artiste, offrira donc l’une des ultimes occasions de voir sur scène le créateur de chefs-d’œuvre comme Palco ou Tode Menina Baiana. Comme Gilberto Gil, Roberto Fonseca est un fidèle du festival et la musique cubaine embrasera le Gers le 30 juillet.
Changement de latitude le 1er août en compagnie du compositeur, chanteur et oudiste tunisien Dhafer Youssef dont le superbe dernier album, Streets of Minarets (avec la participation d’Herbie Hancock), mêle jazz, funk et musique orientale. Le 5 août, c’est vers les Balkans que Goran Bregović, avec son Orchestre des Mariages et des Enterrements, entraînera le public. Le célèbre compositeur de musiques de films interprètera son premier album classique, The Belly Button Of The World, et outre son orchestre, Bregović dirigera trois violonistes, les Chœurs orthodoxes de Belgrade et un quatuor à cordes. Enfin, évidemment, pas de Jazz in Marciac sans son « parrain » Wynton Marsalis. Le 3 août, le trompettiste présentera un nouveau projet, le « Modern Jazz Band », qui permet à de jeunes musiciens d’évoluer avec le maestro. Bon festival…