Parmi les nombreux romans parus en cette rentrée littéraire, voici une sélection de lectures passionnantes qui sondent l’humain et la quête d’identité.
Les premiers romans…
Tout d’abord, parlons du roman de Maria Larrea, Tous les gens de Bilbao naissent où ils veulent, aux Editions Grasset. Que se cache-t-il sous ce titre intrigant ? Eh bien, un roman passionnant sous forme d’enquête. Maria Larrea se lance dans une quête d’identité afin de comprendre sa destinée. Mais d’abord, il y a celle de ses parents. Enfants abandonnés qui grandissent à l’orphelinat. Puis leur rencontre qui n’a rien d’un conte de fée. Les parents quittent Bilbao et s’installent à Paris emmenant avec eux une petite fille. La narratrice. Le temps s’écoule et l’enfant grandit. Elle rencontre une tarologue qui lui affirme que ses parents ne sont pas ses vrais parents. Stupeur. La narratrice décide d’en découdre avec son histoire. Un premier roman dense, entraînant, un récit entre narration et enquête qui tient en haleine de bout en bout. Maria Larrea vient d’obtenir, à juste raison, le prix du premier roman.
Maria Larrea, Tous les gens de Bilbao naissent où ils veulent, Grasset.
Autre premier roman, celui d’Amélie Fonlupt, La passagère, publié chez Rivages. Là aussi, nous voilà plongé dans une fresque générationnelle. D’abord, direction Cap-Vert dans les 60. On y retrouve Mamé qui vit dans la pauvreté. Nous sommes encore sous le règne des colonies et la vie est difficile sur l’île. Mamé, après un mariage raté, rêve d’une vie meilleure. Une fois de plus, Paris sera la destination finale. Elle doit tout recommencer avec sa fille Reine. Puis Mamé repart au Cap en laissant Reine poursuivre son chemin. D’abord avec un premier mari qui – comme une malédiction – fuit comme son père auparavant. Reine se remarie alors et donne naissant à Léna. Et c’est à présent les pas de Léna que nous suivons. Saura-t-elle échapper au destin générationnel et pourra-t-elle espérer un avenir plus lumineux ? Trois destins, trois portraits qui disent beaucoup du combat et du courage des femmes.
Amélie Fonlupt, La passagère, Rivages.
Errance et solitude…
Sortons à présent des premiers romans pour nous intéresser au second roman de David Lopez, Vivance, publié aux Editions Seuil. Rappelons que le roman précédent, Fief, avait remporté un succès très mérité. L’auteur proposait un style moderne et nouveau. Vivance change totalement de décor mais demeure fidèle à la retranscription du réel. David Lopez s’intéresse à l’errance des humains. En particulier de son personnage principal qui se balade au hasard. Il vient de se séparer de Renata à qui il pense souvent. Il fait des rencontres, étranges mais émouvantes. Il partage des moments banals. Des petits bouts de rien. Le texte avance sans impatience, il emmène dans des descriptions sensorielles, il invite à prendre le temps. Le juste tempo pour s’attacher à ses personnages et à leurs fragilités.
David Lopez, Vivance, Seuil.
Sandrine Collette dans On était des loups, publié aux Editions J.C Lattès, raconte elle aussi une histoire de solitude et d’errance. Nous débarquons au cœur d’un paysage magnifique bien qu’hostile. Liam vit avec sa femme. Une vie simple et paisible jusqu’à la naissance d’un petite garçon. Liam l’appréhendait, avec un enfant, ce n’est pas pareil. Heureusement, Liam est souvent dehors, il chasse. Sa femme s’occupe d’Aru. Et lorsqu’il revient, le petit lui saute dans les bras. Sauf une fois. Ce jour-là, le petit n’apparaît pas. Liam craint le pire, mais ne s’attend certainement à la scène qu’il découvre. Un ours à attaquer sa femme, elle est morte. Aru lui est vivant mais sous le choc. Liam ne sait pas comment faire avec ce petit de cinq ans dans les pattes. S’ensuit une sorte de road trip entre père et fils d’une intensité bouleversante.
Sandrine Collette, On était des loups, J.C Lattès.
Femmes puissantes…
Le grand spécialiste français de Frida Kahlo a encore frappé. Gérard de Cortanze publie Viva Frida aux éditions J.C Lattès, un ouvrage de référence à ne pas rater. L’auteur ne se contente pas ici de décrire la vie de Frida Kahlo – exercice qu’il a, par ailleurs, déjà réussi avec brio dans de précédents textes – mais il propose davantage une immersion dans les mots et les pensées de l’artiste mexicaine. Chaque chapitre est une promenade dans le monde de Frida. De l’intime au politique. De la peinture aux frivolités du quotidien. On y retrouve une femme forte, puissante, que rien – pas même les pires souffrances – n’arrête. Se dessine dès lors sous nos yeux un tableau de courage, de lutte et de liberté envers et contre tout.
Gérard de Cortanze, Viva Frida, J.C Lattès.
Pour finir, le non moins célèbre Bernard Weber qui publie La diagonale des reines aux éditions Albin Michel et qui nous tient en suspens. Encore un tour de génie de l’auteur habitué aux best-sellers ? Certainement. Bernard Weber tourbillonne à nouveau dans un univers captivant et futuriste. Et au cœur de cette intrigue, deux femmes fortes. Deux joueuses d’échec qui se croisent et s’affrontent dans un monde qui ne cesse d’accélérer. Belle métaphore que celle de l’échiquier pour comprendre et observer le monde moderne. Les humains devenant par la même occasion des pions à la fois source de grandeur ou de déception. Une belle lecture pour des soirées d’automne.
Bernard Weber, La diagonale des reines, Albin Michel.