La Peau De Nos Nuits – exposition photo
Au Centre Culturel Espace JOB 105 Route de Blagnac, 31200 Toulouse (Sept Deniers)
Jusqu’au dimanche 30 octobre 2022
Mickael ZERMATI expose sa série photographique LA PEAU DE NOS NUITS accrochée sur les façades de l’ancienne usine JOB à Toulouse.
Cette installation est la restitution d’une résidence du photographe, organisée par le pôle photographique du Centre culturel St Cyprien en association avec le Centre culturel Espace JOB, en écho à la pièce chorégraphique NUIT de la Compagnie Sylvain HUC et à la masterclass organisée à l’atelier Danse Saint-Cyprien.
C’est peu dire que cette exposition était attendue. Outre l’impact de la pandémie covid, des conditions météo défavorables – paramètre critique puisqu’il s’agit d’accrocher de très grands formats en façades – ont en effet obligé plusieurs fois au report de l’installation.
Alors commençons par là : avec cet accrochage audacieux, Mickael Zermati signe une scénographie immédiatement saisissante, réfléchie et composée avec justesse sur une architecture industrielle dont les concepteurs n’auraient pas imaginé pareille mise en valeur.
Belle créativité, certes, mais Zermati pousse plus loin encore le détournement en même temps que la fusion en proposant in situ une série puissamment infusée d’atmosphères insolites autant qu’enveloppantes. Images nappées d’un rouge capiteux comme le jus pressé des tentures lourdes d’une Black Lodge oubliée. Images aux lumières crues, vision trouble et confuse, familière à ceux qui boivent et qui fument toutes les heures de la nuit. Cette association d’images allégoriques, quasi-abstraites, avec les murs d’un bâtiment à vocation strictement fonctionnelle et conçu dans un esprit pragmatique, voilà le pari réussi de Mickael Zermati, décalage fertile pour une invention surprenante.
Avec La Peau de nos nuits, le photographe questionne cet autre que nous devenons la nuit, dans des lieux et des relations dédiés à cet espace-temps particulier, auquel on se prépare, pour lequel on se pare, dans lequel on entre avec prudence, mais peut-être aussi confiant dans une forme de dissimulation que ces heures autorisent par les repères du grand jour qu’elles escamotent.
Mickael Zermati avait déjà témoigné de ces voyages nocturnes avec sa série La Roseraie, exposée en 2017 dans le cadre du festival photo toulousain MAP. Il y marquait une nouvelle étape dans son approche photographique, amorcée avec des instantanés de la rue, à New York, mûrie à Shangai ensuite, où il focalise davantage sur l’atmosphère d’un quartier de la ville (série Lilong). L’auteur confirme :
La conception de cette nouvelle série s’appuie sur les atmosphères de La Roseraie, que j’ai développées. J’ai poussé la réflexion, l’observation de mes ressentis intimes, et j’ai travaillé longtemps sur l’association d’images pour qu’elles restituent et suggèrent une perception davantage émotionnelle que purement formelle.
Les photos de Zermati contiennent toutes une part d’inexpliqué, un doute, une question à laquelle notre imagination s’empresse de répondre. Ne pas savoir est un plaisir, disait je ne sais plus qui…
En revanche, et à titre personnel puisqu’il est question de ressenti, je n’ai pas trouvé dans les images sélectionnées la sensualité que l’intitulé La Peau de nos nuits me semblait annoncer. Un titre qui semble alors plus relever du concept, d’une intention initiale ?
A décharge, il faut aussi reconnaître que le support plutôt froid d’une structure industrielle transpire difficilement des fragrances à faire tourner la tête (si oui, appelez d’urgence le 112 ou le centre anti-poison !! )
Lors du vernissage de l’installation ce vendredi 30 septembre, Mickael Zermati n’a pas manqué de souligner tout ce qu’il doit au pôle photo du Centre Culturel Saint Cyprien à Toulouse dans la maturation de son identité de photographe.
On plussoie : cette équipe et sa coordinatrice sont juste formidables. Les animateurs, chacun avec sa sensibilité propre, privilégient, au-delà d’un simple appui aux apprentissages et perfectionnements techniques, l’éveil et la consolidation d’une écriture visuelle singulière. Ateliers, workshops avec des photographes renommés (par exemple avec Gabrielle Duplantier en novembre prochain – on en reparlera!) et expositions (en ce moment une exposition exceptionnelle consacrée à l’essence du travail de la regrettée Françoise Nuňez) font du pôle Photographie du Centre Culturel Saint Cyprien un acteur dynamique et majeur dans le paysage créatif toulousain, investi dans de belles synergies comme avec le Centre Culturel Espace JOB pour cette installation-exposition, et partenaire recherché pour des événements, festivals et relais d’expositions au niveau national.
Centre culturel Espace JOB https://www.facebook.com/Centreculturelespacejob/
Centre Culturel Saint Cyprien https://www.facebook.com/CentreculturelSaintCyprien
[Un article initialement publié dans La Maison Jaune, le blog ]