Le Cycle Grands Interprètes sait saisir une fois de plus l’immense talent d’un Raphaël Pichon dans son choix des programmes de concert. À la direction toujours de son ensemble Pygmalion, chœur et orchestre et aidé de deux solistes au sommet de leur chant Judith Fa et Stéphane Degout, il nous plonge en plein romantisme XVIIIè avec Schubert, Schumann et Weber. C’est pour le lundi 17 octobre à 20h à la Halle aux Grains.
Impasse sera ainsi fait ici sur les artistes dont la notoriété artistique n’est plus à discuter sur aucun plan. On vient à un concert de Raphaël Pichon et son Chœur et Orchestre, Pygmalion, les yeux fermés. Si sur l’affiche on lit, de plus, le baryton Stéphane Degout pour le chant, on va à la Halle à genoux, les oreilles encore traumatisées par son Wozzeck, définitif, ou son Chant de la Terre, partie baryton, à la Basilique Saint-Denis. Un coup de projecteur cependant sur la soprano Judith Fa qui n’a pas encore toute l’aura qu’elle peut espérer dans notre Ville Rose. Tout vient à point à……
Afin de mieux saisir le moi profond de ce génie qu’est Franz Schubert, le programme est bâti en faisant allusion à l’une des confessions du compositeur, cette étrange narration – moins autobiographique que fantasmatique – qu’il livra à vingt-cinq ans sous le titre Mein Traum (« Mon rêve ») dans laquelle, « Tous les thèmes qui irriguent la vie et l’œuvre de Schubert s’y trouvent réunis : la solitude et le voyage, la mort vécue comme le repos, l’ambiguïté du rapport amour-douleur, le refus du temps, le regret du Paradis perdu, la nostalgie d’un univers de la béatitude, la réconciliation dans la tendresse. » S’y rajoute : « l’absence absolue d’agressivité et de révolte : les situations sont subies, la seule attitude vraie étant, pour le sujet, non pas l’affrontement mais l’exil solitaire qui permet la connaissance de soi. » On peut citer encore la définition qu’il donnait lui-même de sa propre musique : « : « Je chantai des Lieder. Si je voulais chanter l’amour, il se transformait pour moi en douleur, et si je voulais à nouveau ne chanter que la douleur, elle se transformait pour moi en amour. » ? »
Le déroulement du concert sera le suivant :
Mein Traum
1 – Thrènes
Franz Schubert
Lazarus D.689 – Acte II, Récitatif & Air « Wo bin ich… O könnt’ ich »
Alfonso und Estrella D.732 – Acte I, Chœur « Zur jagd »
Alfonso und Estrella D.732 – Acte II, Récitatif & Air « O sing mir Vater… Der Jäger »
Coronach D.836 / arr. R. Perceval
2 – Mirages
Franz Schubert / arr. Franz Liszt
Der Doppelgänger D.957
Franz Schubert
Symphonie n°8 D.759, « Inachevée » – Part I. Allegro moderato
Carl Maria von Weber
Oberon J.306 – Acte II, Air « O wie wogt es sich schön auf der Flut »
Franz Schubert
Symphonie n°8 D.759, « Inachevée » – Part II. Andante con moto
Robert Schumann
6 Romanzen für Frauenstimmen Vol. I op. 69 n°5 – Meerfey
Carl Maria von Weber
Euryanthe – Acte II – Récitatif & Air « Wo berg ich mich…. So weih ich mich »
3 – Mort et transfiguration
Franz Schubert
Alfonso und Estrella D.732 – Acte III – Introduction
Franz Schubert / arr. Johannes Brahms
Gruppe aus dem Tartarus D.583 / arr. Johannes Brahms
Franz Schubert
Lazarus D.689 – Acte II, Chœur « Sanft und still »
Robert Schumann
Szenen aus Goethes Faust – Part III. FaustsVerklärung, Air « Hier ist die Aussicht frei »
Franz Schubert
Psaume 23 D.706 – « Gott ist mein Hirt »
L’œuvre que laisse à la postérité Franz Schubert paraît invraisemblable de par sa quantité, sa diversité et son intérêt, quand on sait qu’il ne vécut que…31 ans !
Si on ajoute à cette époque de préromantisme, un nom comme Carl-Maria von Weber et celui de Robert Schumann au romantisme plus échevelé, voilà une démarche bien délicate pour le concepteur du programme. Abondance de biens ne peut nuire dit le dicton, mais la tâche doit être bien délicate. Et en discuter le contenu pour l’annonce, d’une grande difficulté. Weber, l’illustration parfaite du premier romantisme allemand, univers au sein duquel son génie brille, simplement vrai, fièrement original, ennemi des formules. En cela, il est frère du poète Jean-Paul Richter dit J.P., et de cet autre, E.T.A. Hoffmann, du peintre Caspar David Friedrich, son dessin fascinant dénommé, Le Songe du musicien, ou de cet autre, Johann Christoph Erhard, des créateurs peut-être insolites au regard de l’histoire, mais essentiels pour la genèse et l’accomplissement romantiques. Quant à Robert Schumann, il fait la rencontre, heureuse ou malheureuse de J.P., romancier-poète : rêves, amours, humour, paysages et maximes tristes sur la vie. J.P. l’envahit, et comme le terrain est favorable, mais on connaît la suite. Schumann pensait, sentait, se consumait, brûlé par le feu romantique. La nuit totale va envahir le musicien qu’avait éclairé la lumière du cœur aussi intense que la lumière de l’esprit.
La Symphonie dite “inachevée“ sera donnée en deux parties, chacune avec un mouvement. Certains documents la chiffre toujours n° 8, les derniers parlent de la n°7. Peu importe, c’est toujours la “Unfinished“ !! Pour en savoir davantage sur ce monument de symphonie romantique d’une vingtaine de minutes, vous pouvez cliquer ici.
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