La Halle de La Machine est en pleine saison estivale ! À cette occasion, la célèbre jument-dragon “Long Ma” prolonge son exposition jusqu’au 11 septembre. Afin de découvrir ou redécouvrir cette immense âme mécanique, la rédaction est partie à la rencontre du directeur artistique de La Halle : François Delarozière. Coulisses de construction, objectifs créatifs, interview focus sur les rouages d’un succès.
Une fois l’épaisse brume émanant de son museau dissipée, le public la découvre. Nous sommes le 19 février 2022, Long Ma se dévoile. 12 m de haut, 5 m de large et 45 tonnes. La mythologie chinoise s’incarne dans la grandeur d’une structure de bois et de métal. Deux mois plus tard, elle prend vie. Le week-end du 16 avril, durant deux jours de présentation, Long Ma déambule, s’élève, rugit et s’exprime devant près de 100 000 personnes.
Face à cet immense succès, Long Ma continue sa parade jusqu’au 11 septembre et accompagnera les animations d’été de la Halle. À cette occasion, François Delarozière, directeur artistique du lieu et créateur du spectacle Long Ma, commente les traces de l’équidé céleste.
François Delarozière l’interview :
Lorsqu’on aperçoit Long Ma, on ne peut qu’imaginer le travail derrière sa fabrication. Une construction établie en seulement huit mois qui plus est. Les temps forts de cette naissance en quelques mots ?
La construction de Long Ma s’est effectivement faite en huit petits mois, le mécène du projet n’ayant pu être rencontré qu’en début d’année. Il fallait tout faire rapidement, dans la qualité. Le secret de ce processus : un rythme organisé et soutenu. Nous avons été astucieux. Long Ma est un quadrupède, sur sa base, il ressemble beaucoup au minotaure. Ainsi, nous avons pu utiliser le même châssis, cela nous a fait gagner beaucoup de temps. Durant toute la construction, deux équipes se sont relayées, une très tôt le matin, une autre tard le soir. Il fallait peindre, coloriser et assembler le tout. J’ai également tenu à ce que jamais constructeur ne passe par-dessus un autre, je voulais donner une pâte authentique au rendu. Il y a eu un très grand niveau de détails, nous devions aussi relever les attentes des Chinois. Long Ma est une créature mythologique aux représentations et à l’aura bien précise. C’était un sacré défi. C’était une très belle aventure humaine et créative.
Dans un monde ou la technologie épurée aux fonctionnements invisibles pour l’utilisateur domine, cette machine semble prendre le contre-pied. Avec Long Ma, le visiteur observe les rouages, comprends les mouvements, admire les plans de construction… C’était un ressenti que vous souhaitiez provoquer à travers ces projets articulés ?
Complètement. En mettant la mécanique, le théâtre de la machine au centre de l’attention, on retrouve une forme de langage artistique. Avec ce fonctionnement, on retourne aux essentiels, à l’essence de la machinerie, l’œil apprivoise petit à petit la biologie mécanique à laquelle il n’est pas souvent confronté.
Long Ma, dragon, jument, mythologie, créature géante, cette immensité articulée se dessine sous de nombreux visages et suscite l’imaginaire. Est-ce quelque chose d’important à entretenir selon vous ?
Tout à fait. On propose de laisser faire le visiteur, le laisser vivre et traverser ce spectacle. J’ai d’ailleurs observé quelque chose de très intéressant. Face à l’immense, il y a une émotion collective. Peurs, questionnements, surprise, admiration, petits et grands réagissent différemment, mais tous se retrouvent en un point : la fascination. Long Ma c’est un peu comme un concert, il s’en dégage une émotion communicative. Cette nuance de beauté, cette vibration… Équipes comme publics, difficile de rester l’esprit indifférent à cette représentation.
Après la rencontre de Long Ma, quels sentiments souhaitez-vous laisser aux visiteurs ?
On fabrique des temps, on ne vise pas l’esprit du visiteur, on dénue notre intention de messages précis, de significations strictes… L’imaginaire appartient à chacun. Les spectacles de la Halle possèdent différents rythmes, on peut en penser des choses très variées. Mais je reconnais que Long Ma possède une capacité de communication éblouissante.
Est-ce qu’il y a un retour visiteur qui vous a plus marqué à propos de Long Ma ?
Ces retours sont permanents, c’est difficile de choisir. Mais je pense que les plus beaux sont ceux d’enfants qui nous écrivent, c’est magnifique. Ils s’inspirent de mes dessins, de nos spectacles. Certains reviennent avec des idées de créations, des livres aux personnages inspirés de dragons et de minotaures…
Dernière question, si vous deviez donner l’envie à nos lecteurs de venir faire un tour à la halle cet été, que leur diriez-vous ?
J’invite les familles à venir sans a priori. J’invite le public à se laisser porter par l’image. La Halle propose une saison assez dense, on a énormément de choses. Venez vous laisser bercer par toutes nos thématiques. Il faut venir avec curiosité et se laisser aller autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Poésie aérienne ou métallique, il y en aura pour tous les goûts. Enfin, je recommande de prendre la journée pour venir nous rencontrer. Les spectacles sont en continu, l’art de rue bouge sans cesse, aucune représentation n’est identique à une autre.