Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Diamants sur canapé de Blake Edwards
Voici une scène d’ouverture que l’on n’oublie pas. Sur une Cinquième Avenue déserte, au petit matin, une jeune femme dans une robe fourreau noire sort d’un taxi et mange un croissant en contemplant la vitrine du joaillier Tiffany. Précisons qu’il s’agit d’Audrey Hepburn, que la robe devenue mythique est une création d’Hubert de Givenchy et l’on a une idée de la classe folle qui se dégage de ces images. Par la suite, on découvre donc Holly Golightly, à la fois fantasque, extravertie, perdue, fragile, vivant dans un appartement en désordre en compagnie d’un chat roux auquel elle refuse de donner un nom. Holly vend ses charmes à des hommes riches, espère épouser un bon parti.
Cet « animal sauvage », comme elle se définit, s’était déjà marié dans son Texas natal, à l’âge de quatorze ans, afin d’échapper à la misère. Elle a fui sa famille, mais son frère Fred, engagé dans l’armée, lui manque. Paul Varjak, écrivain en panne d’inspiration, s’installe dans l’appartement situé au-dessus de celui de la jeune femme. Entretenu par sa maîtresse, une femme mariée plus âgée que lui, il se lie d’amitié avec Holly.
La grande classe
Lorsqu’il signe Diamants sur canapé en 1961, Blake Edwards n’a pas encore réalisé La Panthère rose et The Party, mais l’on retrouve dans cette adaptation d’une longue nouvelle de Truman Capote, Petit déjeuner chez Tiffany, quelques-uns de ses thèmes favoris : l’ivresse, la fête qui dégénère, le sexe et l’argent… Malgré une certaine noirceur, édulcorée au regard du texte de Capote, cette comédie aux accents mélodramatiques brille par sa pétulance, sa légèreté, son humour, la grâce et l’élégance de son interprète principale.
Dans ce film, Audrey Hepburn a imposé un look iconique et indémodable : des lunettes noires à l’interminable porte-cigarette en passant la robe déjà mentionnée. Elle incarne à la perfection la définition que donne Truman Capote de son héroïne : « C’était un visage ayant passé l’enfance mais tout près d’appartenir à la femme ». La musique d’Henry Mancini et le thème principal Moon River, qui deviendra un standard, participent à la magie. Même le falot George Peppard ne parvient à gâcher l’ambiance. Le chat est parfait. La scène finale serre le cœur, mêlant pluie et larmes. La grande classe, vous dit-on.
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