Pour leur soirée caritative, le vendredi 18 février, à 20h, à la Halle aux Grains, Les Amis de l’Oncopole ont choisi un de nos plus prodigues compositeurs, Camille Saint-Saëns, un des plus prolifiques et aussi un épistolier hors-pair, ayant eu une belle et très longue vie en son temps, à cheval sur le XIX et XXè siècle.
Né en 1835 à Paris, très vite, le petit Camille se fait remarquer par ses dons musicaux, étant certainement doté de ce qu’on n’appelait pas encore l’oreille absolue. Ne dit-on pas qu’il connaît véritablement les notes avant de savoir lire ! Très jeune donc, ses premiers succès furent des triomphes de pianiste. Il donne ses deux premiers concerts à 11 ans, avec pour chacun deux concertos, un de Beethoven, l’autre de Mozart avec sa propre cadence ! Puis il acquiert rapidement une très haute réputation de savant organiste. Gabriel Fauré le qualifiera d’ “organiste étourdissant“. Il sera organiste à 22 ans et pour 20 ans à l’Église de la Madeleine à Paris. De plus, il peut briller en société car il a des dons assez inouïs d’improvisateur. Mais encore, tout l’intéresse, aussi bien l’astronomie que les sciences. Seul souci, le caractère ! Adolescent puis jeune adulte, il compose, il compose dans une extrême diversité, imposant ses choix et se déclarant compositeur insoumis à la mode du temps, à savoir composer pour la voix, l’opéra et l’opérette.
Saint-Saëns est le premier représentant authentique de l’extraordinaire renouveau de la musique française après 1870. Il fonde la Société Nationale de Musique en 1871 (elle est sensée défendre la musique française) et va démissionner devant l’intrusion des musiques étrangères en 1886. Il se répand en propos incendiaires et cocardiers durant la guerre de 1914 (Germanophilie) et finalement, va laisser une œuvre que l’on peut qualifier d’internationale : barcarolle portugaise, jota aragonaise, caprice andalou, caprice arabe, suite algérienne, un opéra japonais,…
Question composition, il a écrit dans tous les genres avec une égale facilité, essentiellement en musique de chambre, sans oublier des symphonies, cinq, dont la Troisième, la dernière véritablement achevée, en do mineur, dite “pour orgue“ est un chef-d’œuvre d’orchestration. On pense à ces Poèmes symphoniques dont la “fracassante“ Danse macabre. Dans cette veine –là, il faut évoquer un de ces “tubes“, le fantaisiste Carnaval des animaux ou Grande Fête zoologique, au petit effectif orchestral, quatorze pièces se succédant, Fantaisie écrite au cours d’un voyage en Autriche à cinquante ans, des pages qui sont une succession de parodies musicales dans lesquelles Saint-Saëns se moque de lui-même comme de certains de ces compositeurs amis, ou non. Une œuvre qui n’était pas prévue qu’elle soit publiée.
On y ajoute les Concertos pour piano au nombre maintenant de 5, cinq concertos où les doigts du virtuose ont dicté un piano brillant, des traits vertigineux, des structures jusqu’alors inédites. C’est là le meilleur de son œuvre pianistique. Les 3 concertos pour violon, le fameux Concerto pour violoncelle, le n°1 (il y en 2). Des Messes pour l’Église, des oratorios et cantates sans omettre douze opéras, le plus connu, mondialement, étant Samson et Dalila, composée sur neuf ans de 1868 à 1877, créé à Weimar grâce à l’appui d’un certain Franz Liszt . Cet opéra est fort connu pour sa « Bacchanale » qui est vraiment une formidable page orchestrale. Sa facilité d’écriture étonnait alors son monde et le mot de prodige bruissait sans cesse dans les salons. On dit qu’il a rempli des tiroirs de morceaux pour piano seul, mais aussi pour deux pianos, et de recueils de mélodies bien sûr.
Et le monde le fascine, mais ce sont surtout des problèmes de santé qui vont entraîner le goût des voyages. Il décèdera d’ailleurs à 86 ans à Alger. D’où qu’il soit, il écrit, infatigable épistolier, une correspondance dans laquelle il fait part au maximum de toutes ses impressions. Adepte de la bonne formule, mais qui peut passer à côté, bien sûr, il n’a pas que des amis et sa fougue lui causera quelques soucis avec le public allemand entre autres.
Nous débuterons avec l’Orchestre d’Harmonie de la Musique de parachutistes :
Orient et Occident, op. 25 8 minutes environ
Orient et Occident, composée en 1869 juste après le concerto pour piano n°2. La partition a pour sous titre Marche. C’est la première des trois pièces pour orchestre d’harmonie écrite par Saint-Saëns. Saint-Saëns a 34 ans. Il est en pleine quête de notoriété (passage du Prix de Rome, Exposition Universelle, ses rencontres avec Liszt), il joue et compose beaucoup. Il commence Samson. Comme le titre l’indique, la pièce évoque à la fois des tons occidentaux et orientaux, à la façon d’un poème symphonique, Liszt constituant son maître à penser.
Pas redoublé, op.86 (187) durée 4‘ environ
Information capitale : Cette marche de concert à pas redoublé fut d’abord conçue pour piano à quatre mains (1887) et publiée en 1890. Au cours du XIXe siècle, la cadence du pas militaire allait de 90 pas/minute pour le pas ordinaire à 120 pas/minute pour le pas redoublé, et jusqu’à 160 pas/minute pour le pas de charge !!
Bacchanale de Samson et Dalila, op. 47
Le livret de Ferdinand Lemaire (1832–1879) suit les grandes lignes du récit biblique. L’invincible Samson est séduit par Dalila, qui découvre que la source de sa force lui vient de sa chevelure. Samson est aveuglé et affaibli, mais ses cheveux repoussent et il abat les piliers du temple, qui écrasent la foule des mécréants. Avant cette dernière prouesse de Samson, les Philistins s’adonnent à une Bacchanale, rituel inspiré de Bacchus, le dieu du vin et des agapes. Dans ce morceau apparaissent plusieurs mélodies qui rappellent l’Orient mystique, ainsi que d’autres thèmes évocateurs.
Ce sont des musiciens de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse qui interprètent le Carnaval des animaux, avec David Lively.
Le plus ariégeois des américains de par son implication assidue au Festival de Saint-Lizier fondé en 1971, j’ai nommé le pianiste David Lively, sera le pianiste du Concerto n°2 en sol mineur, op. 22, dans une Transcription pour piano seul du contemporain de Camille, Georges Bizet. Le concerto, écrit en même pas vingt jours, fut créé à la salle Pleyel en 1868 pour le pianiste virtuose Anton Rubinstein.