Adios compañera
Adieu chère amie
« Tu t’en vas la première nous préparer la place »
Comme disait Pierre de Ronsard
Ce soir coule la vie entre mes doigts
Comme le sable à l’Océan
Comme au sommeil les bruits de voix
Chansons d’amour chansons d’enfants
Merci pour tes chansons pétillantes
De toutes les couleurs
De Toulouse à Hong Kong
Tu m’embarquais toujours sur ton bateau ivre
Pour de magnifiques croisières musicales
Où tu explorais les deux rives de ton âme
L’extrême douleur et l’extrême joie
Je me souviens quand tu déambulais dans la Rue de la Sardine (3) avec Eric Lareine au Théâtre de la Digue
Je me souviens quand tu chavirais Nougaro de vos Voix liées avec Sandrine Roman-Garcia et Tom Torel au chevet des Enfants hospitalisés
Tu avais du Vian (1) dans le crâne
Mais toujours Ferré au coeur
Je me souviens de son Opéra du Pauvre (2) à Castres et au Théâtre Libertaire de Paris où tu incarnais les Choeurs de la Nuit quand il t’offrait un bouquet de fleurs chaque soir
Je me souviens surtout quand tu tutoyais Villon (2) et lui entourée de Jean-Luc Amestoy, Thierry Di Filippo et Pascal Portejoie, dans Grazie mille, Léo, notre hommage à Léo Ferré avec Servane Solana, Véro Dubuisson, Pascale Becker, Isabelle Cirla, Alain Bréhéret, Vahap Kosé, Serge Faubert, Denis Leroux, Bruno Ruiz, Eric Lareine, Didier Dulieux, Jean-Pierre Laffite, Laurent Guitton, Joël Trolonge, Germinal Le Dantec, Jean-Jacques Lassus (je te promets de continuer, envers et contre tout, à promouvoir encore cette grande soirée d’amitié et de partage que tu appréciais tant)
Mais je n’ai pas oublié non plus ma création de Genèse à l’Espace Bonnefoy où tu « rockais » les Solos, Sons, Sônes, Sanglots, de Xavier Grall (4), avec Jean-Luc Amestoy, Serge Faubert et Pascal Portejoie, retrouvant tes intonations adolescentes.
Solos, Sons, Sône, Sanglots
Tu aurais pu rester encore un peu
Pour animer les douces soirées
Enluminées de bonne musique
Où au sein d’un désordre aimable
Tu rassemblais de vrais amis
Que Bacchus et les ris
Venaient s’asseoir à ta table (5)
Merci pour les jours heureux sur ta terrasse
Ensoleillée par ta main verte et ta joie de vivre
Merci pour ton rire comme une bannière
Quand tu m’emmenais boire à Montfaucon
À la santé de la chanson avec Villon
Je n’oublierai pas ta chevelure de feu de bois (6)
Ta belle bouche d’où m’irradiait jusqu’au cœur
Une grande vague de velours roux
Tes délicates arabesques du bout des doigts
Qui peignaient la nuit de toutes les couleurs
Je murmure les vers d’Apollinaire
Voie lactée, ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Et des corps blancs des amoureuses,
Nageurs morts, suivront nous d’ahan
Ton cours vers d’autres nébuleuses ?
Ciao Bella et Kenavo
Que ton âme repose en paix parmi les étoiles.
Merci à Jean-François Le Glaunec pour les belles photos.
24-I-2022
Pour en savoir plus :
1- Boris Vian (1920-1959)
2- Léo Ferré (1916-1993) La Poésie fout le camp, Villon
3- John Steinbeck (1902-1981)
4- Xavier Grall (1930-1961)
5- Casimir Delavigne (1793-1843)
6- André breton (1896-1966)