Je laisse la parole à Jérémy Breta de l’American Cosmograph pour ses coups de cœur du nouveau Fanzine n°50 : La Vraie famille, de Fabien GORGEART ; la ressortie du film de 1981, L’Élu, de Jeremy KAGAN et Un monde, de Laura WANDEL. Je donne aussi mon avis sur ses choix, et comme j’aime beaucoup La Vraie famille et que Fabien GORGEART vient présenter son film, l’Essentiel de la Culture vous propose de gagner des places pour cette avant-première jeudi 20 janvier.
Bonne chance et bons films !
La Vraie famille, de Fabien Gorgeart – France, 1h42, 2021 – avec Mélanie Thierry, Lyes Salem, Félix Moati, Gabriel Pavie. Programmé à partir du 16/02.
Rencontre avec le réalisateur Fabien Gorgeart Jeudi 20/01 à 20h30, places à gagner (voir fin de paragraphe)
Le film suit l’itinéraire d’Anna qui vit avec son mari, ses deux fils et Simon, enfant placé chez eux depuis tout petit. Au moment où le père de ce dernier entame les démarches pour récupérer la garde de Simon, Anna se retrouve aux prises avec des sentiments contradictoires.
Nous avions beaucoup aimé le précédent film de Fabien Gorgeart, Diane a les épaules, qui traitait avec une certaine fantaisie et une super comédienne – Clotilde Hesme – du lien maternel dans une situation particulière. La Vraie famille interroge une nouvelle fois la question de la maternité, en s’inspirant des souvenirs du réalisateur : sa propre mère était assistante familiale. Porté une nouvelle fois par une actrice magnifique – Mélanie Thierry cette fois-ci – La Vraie famille joue plus directement la carte de l’émotion – contrebalancée par les moments de joie et de bonheur familial. Si le film est bouleversant, il saisit aussi avec finesse toute la complexité de la situation et des personnages. Aucun n’est parfait et pourtant aucun n’est jugé, nous arrivons en tant que spectateur à comprendre même leurs hésitations et leurs « erreurs ». On est également bluffés par le jeu des enfants – et c’est toujours un exercice périlleux. Bref, gros coup de cœur.
L’avis de Carine Trenteun : Pas de méchant, ni de gentil ici, que des personnages qui essaient de faire au mieux dans une situation complexe, avec des maladresses et des erreurs qu’on reconnaît sans hésitation, mais qu’on comprend. Tous les acteurs sont fabuleux, et chose rare, les enfants aussi. Un petit bijou ! Du coup, places à gagner !
CONCOURS : L’Essentiel de la Culture est heureux de vous offrir des invitations pour l’avant-première en présence du réalisateur Fabien Gorgeart, jeudi 20 janvier à 20h30. Pour cela, envoyez un mail intitulé « Concours La Vraie famille » à carine_trenteun@yahoo.fr en mentionnant vos nom et prénom, et le nombre de places que vous souhaitez gagner. Les gagnants seront prévenus par mail. Bonne Chance !
L’Élu, de Jeremy KAGAN – USA, 1981, 1h48mn, VOSTF – avec Robby Benson, Barry Miller, Maximilian Schell, Rod Steiger. Programmé du 19/01/22 au 14/02/22.
Il y a dans cette adaptation d’un roman de Chaïm Potok, remarqué en son temps, quelque chose de l’ordre du parfait équilibre. Un sujet et un contexte historique fort – la pratique de la religion juive aux États-Unis alors même que l’Europe est déchirée par la guerre et le nazisme – et un récit plus intime – l’amitié entre deux jeunes gens issus de courants différents : libéral pour l’un, orthodoxe pour l’autre. Tous deux se nourrissent et se répondent sans jamais alourdir le propos, sans jamais faire des protagonistes des pantins théoriques. Tous existent fort et nous touchent profondément, particulièrement le personnage de Danny, jeune homme singulier, brillant et curieux mais écrasé par la responsabilité de son héritage familial – incarnée par un père aussi silencieux que sévère.
Il y a des films qui sont passés à travers de l’histoire du cinéma et qui, sans qu’on puisse comprendre pourquoi, sont restés dans l’ombre et tombés peu à peu dans l’oubli. Et puis parfois, grâce à l’acharnement d’un distributeur – en l’occurrence ici Splendor Films, merci à eux – ils réapparaissent comme par enchantement. Et l’enchantement ici est total : si nous n’avions jamais entendu parler de L’Élu, il nous restera longtemps en mémoire. Une magnifique redécouverte, en copie numérique restaurée s’il vous plaît !
L’avis de Carine Trenteun : j’ai eu la chance de découvrir ce film en salles, pour la première fois, l’an dernier. La copie est superbe, et le film l’est tout autant. Je partage entièrement l’avis de Jérémy Breta, tout comme celui d’Arnaud Clappier : allez vite le découvrir !
Un monde, de Laura Wandel – Belgique, 2021, 1h13 – avec Maya Vanderbecque, Günter Duret, Karim Leklou, Laura Verlinden. Programmé à partir du 26/01.
Nous suivons Nora depuis la rentrée des classes, gouvernée par la peur de son premier jour devant le portail de l’établissement, jusqu’à la découverte de la cruauté des autres enfants et de l’impuissance des adultes. Quand son grand frère Abel qu’elle pensait être son guide est persécuté par d’autres gamins, Nora est prise dans une spirale de violence et d’incompréhension.
Nous avions reçu Laura Wandel, réalisatrice de ce premier long-métrage impressionnant, en novembre dernier. Nous avons retenu des échanges en salle avec elle que, pour nous plonger dans les affres de l’enfance et de l’école, rien n’avait été laissé au hasard. Un monde est en effet une véritable expérience de cinéma qui en utilise tous les « artifices » pour nous immerger intensément dans cet espace fondateur de notre sociabilité future qu’est l’école. Tout est filmé en permanence du point de vue de Laura, à sa hauteur. La cour d’école semble pouvoir l’engloutir à tout moment. Pourtant, au-delà de cette question du harcèlement scolaire, Un monde est un récit d’apprentissage, douloureux certes, mais qui ouvre un fragile chemin vers l’entraide, la tendresse, l’amour comme remède à la transmission de la violence. L’expérience est rude, oppressante, parfois irrespirable – d’autant plus quand on est parents. Mais elle est aussi franchement époustouflante.
L’avis de Carine Trenteun : Jérémy parle d’immersion dans ce monde, et c’est exactement ça. Les sensations que j’ai eues, physiquement, la première fois il y a 6 mois, étaient toujours les mêmes lors du second visionnement en novembre. Jusqu’à la garde m’avait fait le même effet. Et ici aussi, comme dans La Vraie famille, le jeu des enfants est fabuleux. Un très grand film.