Je laisse la parole à Arnaud Clappier de Utopia Borderouge (Terminus de la ligne B, station Borderouge) pour ses coups de cœur pour ces fêtes de fin d’année.
Aujourd’hui, je ne vous parle que de films familiaux pour cette fin d’année, dont trois films d’animation. Any Day Now dont j’ai parlé pour la précédente gazette est toujours projeté aussi ! Et j’en profite pour vous annoncer l’ouverture du bar, enfin , entre Noël et le Jour de l’An.
MICA, d’Ismael FERROUKHI – Maroc / France, 1h43mn – avec Zakaria Inan, Sabrina Ouazani, Azelarab Kaghat, Rachid Fekkak. Programmé du 22/12/21 au 18/01/22.
Mica frôle le film extraordinaire, avec l’histoire de ce petit gamin marocain. Son surnom, Mica, lui vient des sacs en plastique, « les micas » qu’il vend aux gens qui achètent au marché. Il cumule les petits boulots pour aider sa famille. Avec son copain plus âgé, son rêve ultime est de se planquer dans le soubassement d’un camion pour aller en Europe. Au moment où cela pourrait se concrétiser, on lui trouve un travail à la ville, où il devient garçon à tout faire dans un club de tennis, donc un milieu plutôt riche.
Toute la beauté du film est là, puisque la vie, la famille, la pauvreté, le choc avec la différence de classes sociales, tout est à hauteur d’enfant. Ça n’enlève pas du drame, mais ça dédramatise le regard. C’est un conte de Noël, visible à l’aise à partir de 10 ans, pas gnangnan, et très joliment raconté : comment, avec un minimum de bienveillance autour de lui, un gamin n’est pas condamné au malheur auquel sa condition sociale le prédestinait. L’acteur qui joue le gosse est absolument incroyable.
LOUISE… L’INSOUMISE, écrit et réalisé par Charlotte SILVERA – France, 1984, 1h35mn – avec Catherine Rouvel, Roland Bertin, Myriam Stern, Marie-Christine Barrault. Programmé du 15/12/21 au 11/01/22.
Louise… l’insoumise est une ressortie puisqu’il est la première fois sorti en salles en 1985. Le film se passe au début des années 60 et qui raconte à hauteur de gosse encore une fois, mais ce coup-ci, c’est une petite fille, le quotidien d’une famille de rapatriés juifs tunisiens dans une cité HLM. Louise joue des coudes pour exister, coincée dans sa condition sociale et les traditions familiales, culturelles et religieuses. Elle est têtue, joyeuse, avec une telle énergie.
Le film avait eu son petit effet à l’époque, et c’était tout à fait improbable qu’il ressorte en salles 36 ans plus tard. Il fait partie des films qui nous ont marqués. Nous sommes extrêmement heureux de voir revenir, et il n’a pas pris une ride, en gardant tout sa force et toute son actualité. Nous avons repris dans notre gazette en cours le texte publié à l’époque dans la gazette de Utopia Avignon. Nous le conseillons à partir de 11 ans.
L’avis de Carine Trenteun : Très grand film ! Grâce au distributeur La Traverse, j’ai pu découvrir ce film que je n’avais jamais vu à la Cinémathèque de Toulouse, qui vient de consacrer une rétrospective à sa réalisatrice Charlotte Silvera, qui n’a pas pu venir à le rencontre de son public, car elle est en tournage, ce qui, malgré ce rendez-vous annulé, me réjouit. Sincèrement, allez le voir si ce n’est pas encore fait.
LA CROISADE, une fantaisie de Louis GARREL – France, 1h07mn – avec Joseph Engel, Laetitia Casta, Louis Garrel, Lionel Dray. Écrit par Louis Garrel, Jean-Claude Carrière et Naila Guiguet. Programmé du 22/12/21 au 18/01/22.
La Croisade, c’est encore une histoire de gosses, et c’est encore pour toute la famille. C’est difficile d’en dire assez sans en dire trop, mais grosso modo, c’est un film court d’à peine plus d’une heure, qui commence dans une famille parisienne, très 16e arrondissement. Louis Garrel se met en scène avec sa femme, Laetitia Casta. Ils ont un enfant de 13 ans, Joseph, et ils se rendent compte que des objets ont disparu, et découvrent que c’est Joseph qui en est responsable puisqu’il les a vendus.
On aurait pu nous faire craindre un film égocentré, alors que c’est d’une méchanceté et d’une cruauté pour eux-mêmes qui est assez jubilatoire. Le regard de Louis Garrel sur lui-même et sa classe sociale est étonnant, très bien vu et très drôle. L’ouverture du film est un court-métrage en soi assez drôle. La Croisade est presque une fable de science-fiction. C’est le dernier scénario écrit par Jean-Claude Carrière qui raconte une conspiration d’enfants qui auraient décidé de prendre en main l’avenir de la planète puisque les générations précédentes ont été incapables de faire quoi que ce soit. Au moment de l’écriture, il y a cinq ans, c’était de la science-fiction, et maintenant, la réalité a rattrapé l’écriture. C’est très frais, c’est très généreux, pour toute la famille, à partir de 10 ans.
Et maintenant, 3 films d’animation !
TOKYO GODFATHERS, de Satoshi KON – Japon / USA, 2003, 1h32mn, VOSTF – Pour les enfants à partir de 10 ans. Programmé du du 15/12/21 au 11/01/22.
Notre plaisir est de sortir, puisqu’il n’a jamais eu les honneurs de la salle de Cinéma Tokyo Godfathers, qui est un vrai conte de Noël revendiqué. C’est une relecture de l’histoire des Rois mages et du film de John Ford Le Fils du désert, transposée dans le Japon contemporain, où trois clochards vont trouver un bébé dans les poubelles la nuit de Noël. Ils décident de retrouver sa mère, et leur quête nous amène jusqu’à la Saint Sylvestre. C’est très drôle, très beau et très émouvant. C’est le film le plus accessible de Satoshi Kon, et nous avons choisi de le programmer en VO sous-titrée français.
Dimanche 26 décembre, 16h, avant-première suivie d’un goûter de JEAN-MICHEL LE CARIBOU ET LES HISTOIRES D’AMOUR INTERDITES, de Matthieu AUVRAY – France, 42mn – Pour les enfants à partir de 4 ans. Tarif unique 4,50€. Librement inspiré de l’œuvre de Magali Le Huche publiée aux éditions Actes Sud.
Cela nous fait très plaisir d’avoir en avant-première Jean-Michel le Caribou, qui est l’adaptation d’un classique de la littérature jeunesse, et qui a déjà eu les honneurs d’une série TV. Et maintenant donc, le voici en salles, pour un moyen-métrage. C’est très joyeux, pour toute la famille !
PIL de Julien FOURNET, France, 1h29, pour les enfants à partir de 6 ans. Programmé du 15/12/21 au 11/01/22.
Nous reprenons Pil, qui est produit par TAT, qui est quasiment exclusivement produit image et musique entre Toulouse et Montpellier. C’est un film d’aventure très efficace, très amusant et très vif. Autant il peut être classique sur la façon de dessiner les personnages, autant sur les décors, on reconnaît les villages médiévaux d’Occitanie, comme Carcassonne ou Cordes-sur-Ciel.