“Anaïs Boudot propose avec la série la Noche oscura de faire l’expérience du secret des lieux de passage vers une vérité inaccessible”, explique la Galerie Binome de Paris. Cette exposition à lieu au Centre culturel Saint-Cyprien jusqu’au 21 janvier 2022.
Elle se compose de deux grands ensembles photographiques qui dialoguent et interfèrent, combinant technique numérique et argentique. “Le premier ensemble réunit des photographies de lieux de cultes de passages et d’habitation à travers l’Espagne (Tolède, Ségovie, Avila, Soria). En noir et blanc ces éléments architecturaux semblent baigner dans une nuit d’encre, tant les ciels et arrière-plans ne sont qu’aplat de noir, à l’intensité mat presque tangible”, raconte la Galerie Binome de Paris. Elle poursuit : “Dans cette indétermination entre le positif et le négatif, le jour et la nuit, Anaïs Boudot aborde la limite du visible. Elle engage à une déambulation dans une réalité dont la forme paraîtrait presque modélisée, un semblant de rêve en image de synthèse”.
Au cours de promenades dans des parcs de la sierra, il en est ressorti pour le second ensemble, des images où la couleur or domine, forme contre-point lumineux à ces architectures nocturnes et mystérieuses. Elles sont des détails de nature, où pierres et éléments végétaux s’entremêlent, parfois jusqu’à saturation. L’image digitale est ici transformée en négatif argentique, dont Anaïs Boudot opère des tirages sur plaque de verre. Par leur format et leur fond doré, ces pièces accèdent au statut d’objet, voire d’une icône dont la divinité serait naturelle et désordonnée.
« Dans ce va-et-vient entre pratiques anciennes et esthétiques contemporaines, dans cette iconographie du labyrinthe ponctuée de couloirs, de formes rhizomiques, de passages et de césures, Anaïs Boudot invite à sillonner du regard des formes tortueuses et des espaces complexes. Le mélange des techniques et technologies employées ne servent pas d’ancrage historique. Bien au contraire, elles sont les indices de cette écriture poétique, qui dans les indices de cette écriture poétique, qui dans une sensibilité à une fleur, traduit une expérience de l’épaisseur du temps par la lumière », relate la Galerie Binome. Elle ajoute : « Ces différents mouvements alimentent ainsi un thème cher à la mystique, le doute dans le visible ». La galerie conclut : « Anaïs Boudot donne forme à des images qui l’habitent, insaisissables, parce qu’intérieures, et qui nourrissent ses lectures et ses aspirations durant ses marches. Tapies en creux d’un noir intime et profond, ces fulgurances jaillissent comme les négatifs d’images rémanentes. Ainsi, « la noche oscura » interroge sur la présence des choses lorsque la vue déroge au sens admis et s’attarde. Elle est une vision, un cheminement à emprunter ».