La Fracture un film de Catherine Corsini
Entre film politique et œuvre militante, le dernier opus de Catherine Corsini nous plonge au cœur d’un chaos total dans le service d’urgence d’un hôpital parisien un jour de manifestation des Gilets jaunes. Lors d’un court liminaire, la réalisatrice nous met en présence de ses deux héroïnes, Raf et Julie. Leur couple bât de l’aile. Julie veut reprendre sa liberté. C’est mal connaître le destin. Celui-ci va précipiter cette pauvre Raf dans un hôpital pour cause de coude cassé. Julie va bien sûr et malgré tout l’y rejoindre.
Dans le huis clos kafkaïen de ce service d’urgence totalement dépassé par les événements, elles vont rencontrer Yann, un Gilet jaune malmené, c’est un euphémisme, par les Forces de l’ordre. Au milieu des pleurs et des hurlements de colère, c’est toute une autre humanité qui va se déployer sous nos yeux. Entre résignation, empathie, dévouement, humour, les frontières tombent une par une pour laisser place à un brin d’espoir. Au passage, Catherine Corsini épingle la situation actuelle des hôpitaux et pose la question de la violence aveugle des répressions policières. Parfaitement documentée puisqu’elle a vécu une nuit identique avec sa compagne, la réalisatrice, caméra à l’épaule, filme un mouvement incessant et désespéré au bout duquel parfois la vie s’en va…
Un trio absolument épatant porte le film : Valeria Bruni Tedeschi (Raf lumineuse), Marina Foïs (Julie en proie au doute) et Pio Marmai pour qui le rôle de Yann a été écrit. N’oublions surtout pas Aïssatou Diallo Sagna dans son propre rôle d’aide-soignante. Avec elle, l’émotion atteint des sommets.