Désigné coupable, un film de Kevin Macdonald
Avec ce film, le réalisateur britannique Kevin Macdonald s’attaque à un sujet encore brûlant, celui de la prison de Guantánamo, lieu de toutes les exactions post-attentats du 11 septembre 2001. Un film coup de poing qui démontre aussi le pouvoir du cinéma.
Largement inspiré des mémoires « Les Cahiers de Guantánamo » écrites par Mohamedou Ould Slahi lui-même, le scénario nous plonge d’entrée dans un petit village mauritanien dans lequel se tient un mariage. Au cœur de la fête, un policier vient chercher le jeune Mohamedou et lui demande de l’accompagner car des agents américains veulent parler avec lui. Nous sommes post-11 septembre 2001 et le jeune homme est un parent plus ou moins éloigné d’une certain Ben Laden. Il ne reverra sa famille que 14 ans après. Arrêté la nuit-même, incarcéré en Afghanistan puis dans la prison de Guantánamo, Mohamedou va vivre un enfer sans nom alors qu’il n’a rien à se reprocher. Il est simplement accusé d’être rien moins que le cerveau des attentats ayant entre autre détruits les Tours jumelles new-yorkaises ! Par chance, si l’on peut dire, son cas va être révélé à une célèbre avocate américaine, Nancy Hollander. Révoltée, elle va rencontrer le jeune homme et tenter de comprendre pourquoi il est là. Face à elle se dresse un procureur militaire, le lieutenant Stuart Couch. Son rôle, faire condamner à mort Mohamedou, peu importe les preuves, c’est la mission qui lui est confiée par le Secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld (1932-2021), celui-là même qui restera dans l’histoire comme le responsable des plus cuisants échecs militaires de l’ère Bush et des scandales liés à la torture. Son credo : la guerre globale contre le terrorisme ! De dossiers classés « secret défense » à des aveux sous contrainte, comprendre sous la torture, Hollander et Couch se doutent bientôt qu’un scandale couve dans la cellule de Mohamedou. Finalement ils mettront sept ans à le faire acquitter, sauf que l’administration Obama fait alors appel de ce jugement, condamnant ce pauvre mauritanien pour …sept ans de plus !
Ce film est un véritable coup de poing dont on ne sort pas indemne mais c’est aussi et surtout un réquisitoire sans concession contre la violation des droits de l’homme dans la plus grande démocratie du monde. Superbement réalisé, il est porté par trois acteurs en état de grâce au premier rang desquels Tahar Rahim, Mohamedou grave, silencieux, perdu mais croyant dans la justice humaine, se répétant comme un mantra ce mot arabe qui se traduit en français aussi bien pardon que liberté. Jodie Foster (Nancy Hollander) incarne une avocate se vouant totalement à cette cause avec une pugnacité et une humanité bouleversantes. Le grand Benedict Cumberbatch (Stuart Couch) trace le portrait saisissant d’un militaire qui, frappé par l’injustice, trahira sa mission.
Un film écrasant mais aussi somptueux qu’indispensable !
Jodie Foster – Une enfant prodige
En 1972, Jodie fête ses 10 ans en tournant son premier film, une production Disney (Napoleon et Samantha). Difficile de faire plus précoce ! Et ce n’est que le début d’un parcours exemplaire dans lequel la jeune femme poursuivra également de brillantes études tout en croisant les plus grands noms du 7é art. A la clé pas moins de deux Oscars de Meilleure actrice (Les Accusés en 1989 et Le Silence des Agneaux en 1992). Fréquentant, à son rythme, aussi bien la comédie que le drame et la science-fiction, Jodie Foster s’est construite une splendide carrière sans grandes concessions. Le Festival de Cannes 2021 vient de lui attribuer la Palme d’Or d’Honneur.